Friday, February 01, 2013

Citation du 2 février 2013



Le larcin, l’inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses. […]
Il y a sans doute des lois naturelles, mais cette belle raison corrompue a tout corrompu.
Pascal – Pensées Fragment 60 (Classement Lafuma)
Les exemples choisis par Pascal pour démontrer que la justice pérenne et universelle n’existe pas dans l’institution humaine, et que les hommes ont besoin de la révélation divine pour la connaitre, suivent une progression du moins vers le plus. Du simple larcin au parricide, on passe du délit banal au crime le plus abominable.
C’est Michel Foucault qui fait état du parricide comme étant le summum du crime (1) ; il est toutefois, nous dit-il, un crime encore plus grave que le parricide : c’est le régicide – et encore ne l’est-il que par comparaison : tuer le Roi, c’est comme tuer le Père absolu, le représentant de Dieu-le-Père sur terre.
C’est ainsi poursuit Foucault que la hiérarchie des crimes se retrouve dans la hiérarchie des supplices chargés de les faire expier : au régicide est réservé le supplice le plus horrible (à ce qu’on en disait) : l’écartèlement. Son livre (référence infra) s’ouvre sur le récit du supplice de Damien qui avait tenté d’assassiner Louis XV.
Il est vrai que Pascal ne parle pas du régicide dans sa liste des crimes susceptibles de devenir des « actions vertueuses » et on le comprend : chez lui la justice humaine bien que relative et incertaine reste garante de l’ordre et de la paix sociale – ce que menace justement l’assassinat du monarque.
Pour en venir là il faudra attendre la Révolution française faite au cri de « Mort au tyran ! ». Lorsque Louis XVI monta sur l’échafaud, ce fut la revanche de Damien

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(1) Michel Foucault Surveiller et punir – Naissance de la prison

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