Tuesday, February 26, 2013

Citation, du 27 février 2013



On ne joue pas en assistant à un jeu.
Proverbe baoulé
Commentaire 2


Le Caravage – Les tricheurs (1594-1595)
Hier nous avons vu que ceux qui assistent à une partie de cartes sans y jouer eux-mêmes n’étaient que des observateurs. Mais la réalité est plus complexe. Il y a des cas où ces « observateurs » deviennent des « compères »  en fournissant des informations qui vont permettre à leur ami joueur de tricher. C’est bien ce que montre ce tableau du Caravage (que j’ai préféré à celui de Georges de la Tour, plus complexe) (1).Tricher au jeu, c’est anéantir le hasard lorsque celui-ci fait partie des règles : il est par exemple impossible de tricher aux dames ou aux échecs ; on peut avoir aussi un hasard « tempéré » : au bridge un joueur sur 4 montre ses cartes aux autres.
Dans le jeu un principe fondamental est, comme nous l’avons montré hier, que les joueurs soient en compétition les uns avec les autres. Il faut aussi que la compétition mette en début de partie les joueurs à égalité, les seules différences étant dues soient soit au hasard, soit à leur talent : c’est la condition pour que l’issue du jeu soit inconnue en début de partie (2). Or le tricheur est celui qui gagne à tous les coups, en modifiant les règles à son avantage et à l’insu des autres joueurs : dés truqués, compères lisant les cartes de l’adversaire comme dans le tableau du Caravage, etc…
Mais ce qu’il faut remarquer, c’est que nulle loi morale n’est à l’œuvre dans le jeu. Rien ne dit que tromper l’adversaire soit interdit parce qu’immoral. D’ailleurs au poker le mensonge fait bien partie du jeu, le seul moment de vérité étant celui où les joueurs abattent leurs cartes. Le seul principe – et il n’est pas du tout moral –  est qu’il faut respecter les règles du jeu.
C’est ce que nous montre le jeu de rugby : on nous dit qu’un jour, un joueur de football lassé de ne jouer qu’avec le pied, prit le ballon sous le bras et fonça vers le but adverse. C’était bien sûr une faute, mais on a considéré que s’il ne jouait plus au foot, néanmoins il pratiquait  un nouveau jeu : le rugby – qui n’exista réellement que le jour où furent inventées ses règles propres.
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(1) Le tricheur à l’as de carreau de Georges de la Tour, assorti d’un commentaire : voir ici
(2) Raison pour laquelle j’ai laissé de côté le jeu de Marienbad dont le résultat est connu à l’avance.

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