Monday, August 26, 2013

Citation du 27 août 2013


Ce serait beau, l’honnêteté d'un avocat qui demanderait la condamnation de son client.
Jules Renard
Le décès de Jacques Vergès a réanimé le débat : comment, quand on est avocat, peut-on défendre les plus ignobles assassins sans être complice de leur forfait ?
Maître Vergès, qu’on a surnommé « l’avocat du Diable » pour avoir défendu des personnages aussi peu recommandables que Klaus Barbie ou le terroriste Carlos, se faisait une gloire de prendre la défense des pires dictateurs lorsque par malheur pour eux ils se retrouvaient  devant un juge.
C’est une occasion de nous interroger sur notre façon de percevoir la justice. On ne s’étonne pas qu’un avocat se lève dans un prétoire pour défendre un accusé qu’on croit être injustement incriminé : ça veut dire que pour nous la parole de l’avocat exprime non seulement sa conviction intime mais aussi la vérité des faits. L’avocat est alors, celui qui prend la parole à la place de l’accusé pour dire, avec des phrases mieux construites et plus intelligibles ce que son client aurait voulu dire. Entre l’avocat et son client, la seule différence est dans la forme, pas dans le fonds – c’est-à-dire : dans la pensée. Du temps des grecs, l’ancêtre de l’avocat était le logographe, qui  écrivait la plaidoirie que l’accusé lisait à ses juges pour demander leur clémence.
Et c’est la même chose lorsque nous croyons que l’accusé est coupable : l’avocat honnête devrait demander la condamnation de son client. Il ne peut donc – selon cette logique – le défendre qu’à condition de mentir aux juges et de les étourdir avec des paroles fallacieuses. Faute de disposer des faits (1), son royaume est la parole, sa force réside dans la faiblesse de ses auditeurs.
Paradoxe : menteur et sophiste, l’avocat est pourtant selon le droit un acteur indispensable du procès. Jacques Vergès souriait quand on lui reprochait d’avoir défendu Klaus Barbie : « tout accusé a droit à une défense » répondait-il. A charge pour nous de dire comment on défend celui qu’on croit indéfendable ?
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(1) N’oublions pas que l’instruction à  décharge est dévolue au juge d’instruction et non, comme aux USA à l’avocat du prévenu.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

oui, j'apprécie votre acticle sur cet avocat que j'admire , pour avoir eu loe coeur de défendre des gens indéfendables
à tout bientôt