Saturday, December 28, 2013

Citation du 29 décembre 2013


Le socialisme aux États-Unis diffère totalement du socialisme européen. L’idéal du travailleur américain est de devenir patron, alors que l’ouvrier latin rêve surtout la suppression du patron.
Gustave Le Bon –  Les incertitudes de l'heure présente (1923) p. 51 de l’édition électronique
Dans ces aphorismes, Le Bon dégorge un peu de sa haine du socialisme en général et du bolchevisme en particulier : car ce sont, selon lui, des gens pour qui il s’agit de nier les élites ; au mieux, c’est pour prendre leur place : être patron à la place du patron ; mais il y a pire : vouloir abolir totalement la hiérarchie
Et aujourd’hui ? 90 ans après ce commentaire quel serait le nôtre ? Les exemples si nombreux de fermeture d’usines et de luttes véhémentes contre les licenciements nous donnent un tableau assez nouveau de la situation. Logiquement, les ouvriers mis à la porte par des patrons devraient toujours vouloir leur place. De nos  jours c’est parfois possible : ça s’appelle fonder une SCOP. On sort ainsi de l’utopie et en même temps de la violence révolutionnaire. Des élites, il y en a partout – et même chez les ouvriers, ce que Le Bon niait farouchement – mais on n’a pas pour autant trouvé la solution aux misères des travailleurs ravalés au rang d’outil de production.
C’est qu’aujourd’hui, qui est le patron ? Qui décide et qui commande ? On disait autrefois : le Roi règne mais il ne gouverne pas. Eh bien aujourd’hui, dans l’entreprise, les actionnaires règnent et ils ne gouvernent pas. Seulement, régner, ça veut dire donner des ordres à celui qui gouverne.
Et les ouvriers ? Vont-ils séquestrer le patron dans son bureau ? Inutile, puisqu’il n’est finalement qu’un salarié comme eux. Vont-ils manifester devant le siège de l’entreprise ? Bof… Mieux vaudrait aller assiéger les fonds de pensions qui possèdent le vrai pouvoir.
Occasion de faire un beau voyage aux Bermudes ou aux Iles Caïmans…

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