Sunday, December 01, 2013

Citation du 2 décembre 2013


[Voyant Eve], l’homme s’écria : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci on l’appellera femme (hébr. = Isha) car c’est de l’homme (hébr. = Ish) qu’elle a été prise. »
Genèse 2, 23
Les contours des femm's, c'est du lard, / La chair, c'est d'la viande.
Charles Cros - Le Coffret de santal, Chanson des sculpteurs.
La chair des femmes se nourrit de caresses comme l'abeille de fleurs.
Anatole France
o-o-o
Trois citations : il faut ça pour rouvrir le dossier des rapports de la chair à la viande (1).
Eve est donc faite de chair et d’os, pas trace en elle de viande. On en conclura  qu’Adam est plus galant que Charles Cros, ce serait vrai, mais encore un peu court.
C’est Anatole France qui nous éclaire en soulignant le caractère immatériel de la chair des femmes qui nait sous la caresse – ce qui la distingue radicalement de leur viande. Immatérielle ? La chair est pourtant une réalité présente au moins depuis la création d’Eve. Quelle est donc cette réalité ?
Lisons ce passage de ce livre consacré au corps :
« La chair est consubstantielle au corps ; elle est une expression intime du corps alors que la viande n’est qu’un attribut matériel du corps. […] La chair est l’indice d’existence du corps alors que la viande n’est que l’expression de sa matérialité. Sans chair, le corps n’a que l’épaisseur de sa viande au sens où il se réduit à un amas sans forme ni retenu. » (Alain Milon – La réalité virtuelle p. 40)
Le corps vivant est fait de chair, à la différence du cadavre (ou peut-être du corps profondément endormi), qui est fait de viande. La chair est une expression du corps, entendons qu’elle est synthèse entre la vie organique et sa réaction aux stimuli extérieurs. Lorsque la chair frissonne c’est soit sous l’effet de la fièvre, soit sous l’effet de la caresse.
Il est donc normal de dire, comme Anatole France que les caresses sont comme la pâture de la chair, puisqu’en dehors de cette stimulation elle pourrait bien se transformer en viande.
La pire des humiliations pour une femme qui est livrée à la lubricité masculine (comme avec la prostitution – mais pas que) c’est de se sentir comme de la viande qu’on triture et qu’on pénètre.
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