Saturday, January 25, 2014

Citation du 26 janvier 2014


Que faire le dimanche ? Casto est ouvert, mais ça ne vous dit rien. La bagatelle ? Oui, mais vous êtes bien fatigué(e). Reste la picole. Surtout si vous êtes déjà retraité(e).
o-o-o

Revenons à nos bouteilles […] c’est quasi le dernier plaisir que le cours des ans nous dérobe. La chaleur naturelle, disent les bons compagnons, se prend premièrement aux pieds : celle-là touche l’enfance. De-là elle monte à la moyenne région, où elle se plante long temps, et y produit, selon moi, les seuls vrais plaisirs de la vie corporelle ; les autres voluptés dorment au prix. Sur la fin, à la mode d’une vapeur qui va montant et s’exhalant, elle arrive au gosier, où elle fait sa dernière pose.
Montaigne. De l’ivrognerie – Essais II, ch. 2  
- Thèse : n’empêchez pas les vieux de picoler, car c’est le dernier plaisir qui leur reste.
- Démonstration :
La volupté commence avec les pieds et finit dans le gosier.
L’enfance a les pieds chauds, ce qui est le signe d’une bonne volupté.
Puis elle migre en remontant dans le corps jusqu’au ventre – au bas-ventre : on a compris.
Enfin, l’âge venant, elle monte encore pour finir par s’incruster dans le gosier. Après les jouissances de  l’amour, le vieillard n’a plus que celles de la picole.
- Conséquence :
Vous tous, vieillards qui me lisez, croyez-en Montaigne. Inutile de chercher encore à jouir des femmes. Vous ne trouveriez que déception et nostalgie : l’amour n’est plus pour vous ce qu’il était – il faut en prendre on parti.
Par contre vous pouvez encore déboucher une bonne bouteille et la boire en ne pensant plus à rien – qu’à la chaleur de votre gosier.
C’est Montaigne le bordelais qui vous le dit : croyez-le – le vin il sait ce que c’est.
- Source :
Mais prudent quant à ses sources il se place sous l’autorité de Platon. Voici ce qu’il écrit dans les lignes qui suivent cette citation :
« Platon défend aux enfants de boire vin avant dix-huit ans, et avant quarante de s’enivrer. Mais à ceux qui ont passé les quarante, il pardonne de s’y plaire, et de mêler un peu largement en leurs banquets l’influence de Dionysos : ce bon Dieu, qui redonne aux hommes la gaieté, et la jeunesse aux vieillards, qui adoucit et amollit les passions de l’âme, comme le fer s’amollit par le feu, et en ses Lois, trouve telles assemblées à boire (pourvue qu’il y ait un chef de bande, à les contenir et régler) utiles : l’ivresse étant une bonne épreuve et certaine de la nature d’un chacun : et en même temps propre à donner aux personnes d’âge le courage de s’ébaudir en danses, et en la musique : choses utiles, et qu’ils n’osent entreprendre en sens rassis. Que le vin est capable de fournir à l’âme de la tempérance, au corps de la santé. » (Texte légèrement modifié)

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