Friday, November 28, 2014

Citation du 29 novembre 25014

Pas besoin d'intérêt pour mentir. Le plaisir suffit.
Amélie Nothomb – Péplum
L’homme est un animal capable de mensonge, et sauf exception, il est même le seul animal à savoir mentir (1). Apprenons donc à ne pas mentir à nos petits enfants, car voyez-vous, le mensonge commence au berceau.
On considère le mensonge comme un vice abominable qui sape les bases des rapports humains et qui apporte au menteur le confort d’une vie dissimulée derrière la fausse apparence de l’honnêteté et de la conformité aux bons usages. Le mensonge est l’acte d’un égoïste qui fait passer son intérêt privé avant tout.

… Et si on se trompait ? Si le mensonge malgré tous ses inconvénients était non l’expression d’un besoin égoïste, mais celui d’un désir ? Si, comme le suggère Amélie Nothomb, mentir apportait un plaisir à nul autre pareil ?
En quoi consiste donc le plaisir de mentir ? Chacun, en son âme et conscience apportera sa réponse qui, je le rappelle, doit exclure les habituelles justification par la commodité, la sécurité, voire même la charité (= ne pas révéler la vérité au malade condamné etc.).
J’imagine :
1 – Mentir, c’est le plaisir de tromper les autres, de les faire « marcher » : c’est jouir de posséder un pouvoir sur eux.
2 – C’est aussi créer une pseudo-réalité qui obéit à des règles que nous maitrisons parfaitement. On se rappelle encore la dramatique histoire de Jean-Claude Roman qui a fait croire à tous qu’il était un médecin très célèbre, et ce pendant 20 ans Sur le point d’être démasqué et de voir cette fiction s’écrouler, il tue toute sa famille et tente de se suicider. (2)
3 – On arrive insensiblement à la fonction créatrice du mensonge : mentir c’est porter à l’existence ce qui n’existe pas, ce qui n’aurait jamais pu exister sans le menteur. D’une certaine façon le romancier est le premier des menteurs.
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(1) On a quand même réussi à obtenir de certains singes qu’ils mentent. Voici le récit de cette expérience : un singe en cage ; à l’extérieur deux caches identiques : sous l’une, l’animal sait que se trouve une friandise et sous l’autre rien du tout. Arrive un homme : le singe lui désigne le cache sous le quel se trouve la friandise, l’homme la découvre et la donne au singe. Arrive un autre homme (qui porte un chapeau reconnaissable) : le singe lui montre l’endroit où est la friandise : l’homme la découvre et s’en va avec.
Après deux ou trois expériences frustrante, le singe désigne au porteur de chapeau le cache sous le quel il n’y a rien du tout : il a appris à mentir.

(2) Lire le livre d’Emmanuel Carrère L’adversaire suivi du film de Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle principal

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