Friday, December 26, 2014

Citation du 27 décembre 2014

Le criminel, au moment où il accomplit son crime est toujours un malade.
Dostoïevski – Crime et châtiment
Bientôt, il n'y aura plus de criminels, rien que des malades ; plus d'opposants, rien que des délinquants ; plus de déviants, rien que des tordus.
            Roger Gentis – N'être
Qu’on me pardonne de ne pas retracer ici la carrière de Roger Gentis, qui fut durant le dernier quart du 20ème siècle un acteur du combat pour l’ouverture des asiles. Ce combat est bien oublié aujourd’hui, mais il n’est pas sûr que ce soit parce qu’il fut gagné.
Ce que je retiendrai en revanche, c’est l’idée que le crime peut aussi être l’effet d’un choix, que le refus de la norme, de l’ordre, des valeurs sont des actes spécifiquement humains et non des symptômes de dégénérescence. La pire haine de l’humain n’est-elle pas de refuser de voir dans le crime l’expression de la liberté humaine, sa possibilité de se tourner vers le « mal radical » – même si celui ci reste inaccessible ?
Si nous allons dans ce sens, nous sommes invités par des approches « scientifiques » à une réévaluation des actes criminels interprétés comme des produits de la société criminogène ou d’un déterminisme familial. Personne, nous dit-on, ne peut être délinquant au point de vouloir faire souffrir des enfants – comprenez : personne de normal.
Mais justement, c’est cette idée de normalité qui est refusée par Gentis : le propre de l’homme,  normal ou pas, c’est de faire un choix radical, totalement libre et responsable. Ensuite, que ce choix soit celui d’un crime monstrueux, c’est une autre affaire : selon lui, si les monstres n’existent pas, alors il faut réintégrer la « monstruosité » dans l’humanité.
Du coup, le risque est de rétablir des sanctions extrêmement dures, parce qu’elles n’ont pas pour fonction de maintenir le criminel dans la société, mais de le châtier – voire même de le supprimer. Car si on ne peut espérer « guérir » le criminel parce qu’il n’est pas malade, alors il faut le faire disparaître.

Certains diront même qu’on « doit » l’échafaud au criminel, car c’est comme cela qu’on reconnaît l’humain en lui.

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