Sunday, December 07, 2014

Citation du 8 décembre 2014

… la sauvegarde des bricoles fonde l'éclosion des grandes choses. Entre le dérisoire et le grandiose, il n'y a même pas l'espace d'un ongle.
Fred Vargas – Coule la Seine (2002)
Commentaire II
La syllogomanie, ça vous dit quelque chose ?
La « syllogomanie » est cette étrange maladie qui vous empêche de jeter ce dont vous n’avez plus besoin – et donc de sauvegarder des bricoles.
 Combien de temps ça vous prend pour remplir votre corbeille de bureau ? Longtemps ? Et ça, non pas parce que vous passez à la déchiqueteuse tous ces vieux papiers, mais justement parce qu’après tout, même s’ils sont vieux, vous en aurez peut-être besoin un jour.
Notre société de consommation a en horreur cette tendance à garder tout – y compris les emballages vides – en se disant « ça resservira plus tard ». Car, rien ne doit resservir, tout doit disparaître – si possible dès qu’on l’a payé. Mais qui sait ?... Qui sait de quoi l’avenir sera fait ? Qu’un incendie se déclare, et vous voilà désolés de ne plus retrouver la facture du sommier acheté il y a 10 ans et qui a été gâté par la lance des pompiers. Rien n’est dérisoire pour qui doute de l’avenir (1). Peut-on sérieusement parler de « maladie » ?
- On peut quand même dire qu’il s’agit d’une maladie dans la mesure où elle est liée à un syndrome qu’on appelle l’aboulie, c’est à dire l’impossibilité de prendre une décision.
Douter de l’avenir ne serait donc pas l’effet de l’imperfection de mon Etre qui n’est pas à lui même sa propre cause ? En fait, l’aboulie, loin d’être une angoisse métaphysique, n’est qu’une pathologie de la volonté.
Alors, direz-vous, et le grandiose ? Car, c’est bien de ça qu’il s’agit : « la sauvegarde des bricoles fonde l'éclosion des grandes choses ».
--> Refusez de vous laisser enfermer dans une pathologie : vous êtes en réalité un artiste. Dites que vous êtes un apôtre du recyclage, et que même si de nos jours tout a été conçu pour ne pouvoir jamais resservir, néanmoins vous pouvez créer des objets d’art à partir de ces déchets de la société de consommation. Dites aussi que vous n’êtes pas seul et que les adeptes de l’arte povera sont légion.
… Et ne jetez plus vos vieux vêtements :


Michelangelo Pistoletto – La Vénus aux chiffons
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(1) A la fin des années 40 j’étais enfant et j’aimais fureter dans le grenier de ma grand-mère : là je retrouvais des grands sacs remplis de sacs de café vides soigneusement repassés et aussi des boites de camemberts également nettoyés et empilées – ça datait d’avant-guerre quand il y avait encore du café.

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