Wednesday, January 07, 2015

Citation du 8 janvier 2015

Une victoire n'est jamais acquise avant la fin de la bataille (...) la notion de succès ne peut s'apprécier qu'après la fin du conflit...
Clausewitz –  De la guerre (1831)  
Commentaire II
La notion de succès ne peut s'apprécier qu'après la fin du conflit... Voilà une affirmation comme je les aimes : bien évidente et tout de même, un peu troublante.
Parce qu’on comprend qu’il y a non pas un, mais deux succès :
- le succès enregistré dans les faits eu égard aux objectifs de la lutte ;
- le succès qui s’enregistre, éventuellement peu à peu, en rapport avec un projet plus général.
On pense évidemment à ces victoires qu’on paye trop chères : les victoires à la Pyrrhus. Mais c’est aussi le cas dans tous les conflits qui opposent des grandes puissances militaires à des guérilleros, à des djihadistes, etc. Il est – supposons-le – relativement facile de les réduire à disparaître du théâtre des combats et à se terrer dans les grottes ou des villages. Par contre, si l’objectif est de ramener la paix et d’amener la démocratie, là, ça se complique sérieusement.

Certains en profitent pour transformer un malheur en chance : « Oui, on s’est aimé et maintenant je te quitte. Mais songe que c’est peut-être une chance pour toi ; tu vas pouvoir prendre un nouveau départ ; et si ça se trouve tu vas faire une belle rencontre demain etc…. »
Mais c’est plus original de penser cela du succès, car on ne prend acte que de la réussite et on balaie les nouveaux doutes qui apparaissent derrière. Le succès a ceci de particulier de donner ce coup de balai – comme disent les sportifs après la victoire : « On savoure ! » Oui, pourquoi pas ? Mais en même temps, si chaque étape de notre existence est fermeture d’une séquence, elle est aussi ouverture d’une autre. Le travailleur qui prend sa retraite en est bien conscient. Mais le jeune homme qui réussit un concours pour une grande école devrait l’être également : « Est-ce réellement une chance ? Admettons que grâce à ça je passe 3 ans sans dessaouler (sic). N’empêche qu’après, il va falloir valoriser mon diplôme… »
Et si le conflit dont parle Clausewitz représentait métaphoriquement la vie ? Si chaque étape de celle-était solidaire de toutes les autres ? Alors il faudrait pour en évaluer le succès ou l’échec attendre d’arriver au terme de notre existence et prendre celle-ci dans sa totalité.
Certes. Mais ne vaudrait-il pas mieux, avant d’en arriver là, songer que cette étape que je suis entrain de vivre participe de la construction de mon existence – construction commencée le jour de ma naissance et qui doit être soutenu jusqu’à ma mort.

C’est ce que dit Bergson.

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