Tuesday, September 29, 2015

Citation du 30 septembre 2015

Semblablement, où est la reine / Qui commanda que Buridan / Fût jeté en un sac en Seine? / Mais où sont les neiges d'antan?
François Villon – Le Testament (1461), Ballade des dames du temps jadis
Nous retrouvons Buridan que nous avions laissé hier en compagnie de son âne, engagé cette fois dans une aventure un peu plus dangereuse.
Jean Buridan, philosophe et docteur scolastique  nait en 1292 et meurt en 1363, c’est à dire un siècle avant que Villon compose cette ballade. L’histoire à la quelle il fait allusion est celle de la Tour de Nesle : Marguerite épouse du futur Louis X, s’y serait livrée à la débauche en compagnie de ses deux belles-sœurs, se débarrassant au petit matin de ses amants de la nuit, cousus dans un sac et jetés dans la Seine. Un tel traitement aurait également été réservé à Buridan qui, quant à lui, en serait sorti vivant. (Cf. Ici) (1)
Quoiqu’il en soit de la réalité de cet épisode, j’observe qu’un siècle plus tard, la débauche de Marguerite restait vive dans les mémoires. Pourquoi ?
Est-ce parce qu’une (future) reine de France se livrait à la débauche au lieu de réserver son sexe pour procréer une royale descendance ? Ou bien parce qu’elle n’hésitait pas à supprimer l’amant qui venait de la faire crier de jouissance (Mmmmm !). Qui le dira ? – tant il est vrai que les jugements sont historiquement déterminés. Pour ma part, je tenterai bien un réponse : comme nous sommes sensibles aux actes de cannibalismes des mantes religieuse (religieuses !) qui dévorent le mâle qui vient de les féconder, nous pouvons être impressionnés par le mépris des femmes qui considèrent l’homme comme un étalon parfaitement facultatif en dehors de cette fonction.
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(1) Les reines de la Tour de Nesle épargnèrent  deux de leurs amants, mais ce fut pour leur malheur car, démasqués et arrêtés sur ordre de Philippe le Bel, « ils moururent écorchés vifs, châtrés, décapités, puis suspendus à un gibet ». Voilà : en cet heureux temps nous n’avions rien à envier à l’Arabie Saoudite en matière de supplice. (Pour mémoire, voici le châtiment qui va être à présent infligé à Ali Al-Nimr (un opposant) : « La charia stipule qu'Ali Al-Nimr, opposant chiite, doit être décapité. Et comme il s'est dressé contre le roi Salman, crime particulièrement grave, il est prévu que son corps sera crucifié et ornera la croix jusqu'à ce que pourrissement s'ensuive. » Lire ici)

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