Tuesday, January 19, 2016

Citation du 20 janvier 2016

Le crime est normal, parce qu'une société qui en serait exempte est tout à fait impossible
Durkheim - Le crime phénomène normal (1894)
/ Nous l’avons vu  hier, la sanction pénale n’a pas uniquement pour objectif de prévenir le crime en effrayant le criminel, mais aussi d’entretenir l’indignation dans la population et de mettre en relief la dignité de la loi. Un pas de plus aujourd’hui : de toute façon, le crime est inévitable et donc il ne sert à rien de s’acharner à l’éradiquer. /

Le crime est normal dit Durkheim. – Comment cela ? Si le crime est inévitable, doit-on pour autant le considérer comme normal ? Ne devrait-on pas plutôt prendre  comme un modèle à imiter la société qui en serait exempte?
Commençons par rappeler qu’il y a deux significations au terme « normal » :
            -  L’une faisant de ce qui est normal quelque chose qui correspond à la norme, idéal de perfection vers auquel on doit tendre.
            - L’autre considérant que ce qui est normal est ce qui coïncide avec la moyenne des cas envisagés, sans aucun jugement de valeur.
Ainsi, pour Durkheim « un fait social » est normal s’il se produit avec une certaine fréquence (mais aussi sans excès) dans une société : dans l’article dont vous pourrez lire le texte complet ici, Durkheim considère que le crime, s’il reste comme on l’a dit en deçà d’un certain seuil de fréquence, ne relève pas d’une pathologie sociale, sinon il faudrait considérer comme une maladie ce qui résulte de mécanismes indispensables à la survie des sociétés.
- C’est là que nous sursautons : la crime serait donc souhaitable ? Oui, sans doute : c’est qu’en effet pour Durkheim le crime concourt à maintenir la société en bonne santé en donnant à la conscience collective l’occasion de s’indigner du délit, alors qu’en présence d’une simple indélicatesse, il ne résulte rien de tel.
On constate donc que le crime est nécessaire à stimuler l’émotion vertueuse des citoyens ; et que la sanction pénale ne fait que donner du relief à ce crime, stimulant ainsi l’indignation populaire.
Eh bien voilà la leçon d’optimisme signée Durkheim : ne vous lamentez plus devant l’insécurité qui envahit nos villes. Réjouissez vous au contraire de voir toujours plus de gens traumatisés : car c’est grâce à cela que vous avez partout des gentils policiers et des beaux soldats.

Vive la France !


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