Thursday, January 28, 2016

Citation du 29 janvier 2016

Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.
Bertolt Brecht
- Ceux qui ne combattent pas ont déjà perdu face à ceux qui les combattent.
- Et alors ? Qu’importe, si la défaite ne s’accompagne pas de souffrances ? Après tout la lutte en est peut-être la source  principale?
Telle était l’attitude de beaucoup de français en 1938, lorsque Daladier revenait de Munich  après avoir signé les accords qui abandonnaient la Tchécoslovaquie à Hitler : « Je m'attendais à recevoir des tomates et j'ai reçu des fleurs » dira Daladier (Art Wiki).
Depuis, on a blâmé l’aveuglement des français, mais peut-être n’étaient-ils pas si aveugles que ça ? Certains d’entre eux savaient le risque qu’ils prenaient de se mettre sous la botte nazie – Et alors ? disaient-ils : en mettant de côté ceux qui pensaient que seul Hiller saurait protéger l’Europe des bolcheviks, et les intellectuels qui estimaient que l’Allemagne était un pays de trop haute civilisation pour être redouté de la France éternelle, il est sans doute resté des gens pour espérer de la défaite un traitement plus doux que la lutte armée (c’est d’ailleurs là-dessus que Pétain a joué). On sait qu’ils se trompaient, mais cette attitude a duré : qu’on se rappelle la formule des jeunes de Berlin dans les années 60 : Plutôt rouge que mort ! (1).

Oui, voilà une bien étrange idée : faire l’éloge de la défaite – ou plutôt du non-combat (2). Mais, dans une époque qui glorifie les adeptes du « lâcher prise » (3), ce n’est pas si bizarre que ça. Je crois qu’on doit cette attitude à ceux qui, comme les stoïciens, refusent de lutter contre les forces qu’ils ne dominent pas, car selon eux lutter contre ce qui va de toute façon nous écraser n’est pas une attitude héroïque. Refuser la lutte n’est pas une preuve de lâcheté, mais plutôt de sagesse, car toutes ces forces – y compris celles qui nous écrasent –  trouvent leur origine dans un ordre naturel.
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(1) En inversant la formule de Goebbels Lieber tot als rot (Plutôt mort que rouge) pour pousser les berlinois à se battre jusqu’à la mort contre l’armée rouge en 1945
(2) A ne pas confondre bien entendu avec le pacifisme de Gandhi, qui est une posture de lutte.
(3) Lâcher prise :

Locution nominale – État de concentration impersonnel. « Certaines personnes ont besoin de toujours tout contrôler. Ils n’acceptent pas leurs limites et perçoivent le lâcher prise comme une véritable faiblesse. Lâcher prise ne veut pas dire renoncer. Au contraire, cela signifie progresser, se libérer de poids inutiles et parfois même changer notre façon de percevoir les choses. » - Melissa Pekel, « Quand le lâcher prise … » Art Wiktionary

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