Friday, April 15, 2016

Citation du 16 avril 2016

On peut facilement tirer tant de livres de la vie et l'on peut tirer si peu, si peu des livres.
Kafka
Ce que l’auteur met dans son livre est-il identique à ce que le lecteur y trouve ? Si ce dernier devait reconstituer le monde dans lequel vécut l’auteur, ressemblerait-il à ce que ce dernier s’est efforcé de faire découvrir ? Par exemple,  le Cabourg où  Proust passa ses vacances est-il le Balbec qui est évoqué dans les pages d’« A l’ombre des jeunes filles en fleur » ? Autant de question que le lecteur novice se pose avec un peu d’angoisse : « Ai-je bien tout compris ? Vite, lisons l’article du critique littéraire pour savoir ce que l’auteur a voulu dire ! »
Pour répondre à ces inquiétudes, tournons-nous vers ces propos désabusés de Kafka, que je traduirai ainsi : « De toute façon, lecteur fidèle, tu ne parviendras pas à saisir l’essence de mon livre, car il est en réalité le miroir dans le quel je contemple mon âme et elle te restera à jamais étrangère. » Eh bien si c’est ça, faisons de même : après tout si l’âme que  contemple le lecteur n’est pas celle de l’auteur mais la sienne c’est bien aussi – et tant pis si cette âme-là est plus petite que l’autre, qu’y pouvons-nous ?

Marx disait à propos du Capital qu’il était entrain de rédiger : « Il ne me rapportera jamais autant qu’il m’a coûté en cigares /fumés pendant que je l’écris/ ». Là d’accord. Mais vouloir mesurer les efforts investis dans un livre, et attendre comme un capitaliste borné le retour sur investissement, quelle prétention !
Reste quand même une idée : les livres ne nous apprennent jamais tout de ce qu’ils contiennent.

De même qu’ils ne disent jamais tout de ce que l’auteur avait dans son esprit : « un livre a-t-il jamais fini de dire toute la conviction de son auteur ? » disait Bachelard (La flamme d'une chandelle, p.2)

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

beaucoup d'humour cher jean pierre dans votre billet.
la mise en abîmes des miroirs des âmes qui s'y plongent la part crée pour cette jouissance là du lecteur
je vous embrasse cher Jean pierre et à la petite fany qui m'a laissé un commentaire je sais qu'elle passe par chez vous