Thursday, July 28, 2016

Citation du 29 juillet 2016

Etre malade, c’est se sentir comme un enfant et comme un vieillard en même temps.
Mathias Malzieu – Journal d’un vampire en pyjama (p. 110)
Ils n'entendent point, et ma sonnette ne fait pas assez de bruit. Drelin, drelin, drelin : point d'affaire. Drelin, drelin, Drelin : ils sont sourds. Toinette! Drelin, drelin, drelin : tout comme si je ne sonnais point. Chienne, coquine! Drelin, drelin, drelin : j'enrage. Drelin, drelin, drelin : carogne, à tous les diables! Est-il possible qu'on laisse comme cela un pauvre malade tout seul ? Drelin, drelin, drelin : voilà qui est pitoyable ! Drelin, drelin, drelin : ah, mon Dieu! Ils me laisseront ici mourir. Drelin, drelin, drelin.
Molière – Le Malade imaginaire, acte I, scène 1

Quelque soit son âge, le malade est un enfant dans la mesure où il manifeste une extrême dépendance : de même que le nourrisson crie et pleure dès qu’il a un besoin, puisqu’il est dans l’impossibilité de le satisfaire par lui-même, de même comme on le voit chez Molière, le malade prend sa sonnette et appelle l’infirmière.
Mais le malade est aussi un vieillard avant l’âge parce qu’il n’est pas seulement dans un état de grande faiblesse ; il est aussi, comme lui, celui qui porte une attention fanatique à son corps souffrant et qui exige de manière tyrannique d’être reconnu dans sa souffrance – et donc d’être ménagé et aidé pour cela. Les vieux se plaignent toujours, non pas parce que ça les soulage, mais parce qu’il attendent en retour qu’on les plaigne et qu’on souffre avec eux par sympathie.
Certains d’entre eux jouent de cette sympathie pour tyranniser leur famille. Tel est le comique de cette citation de Molière : ce malade est bien incommodant d’exiger qu’on coure toute affaire cessante pour le servir ! Devrait-on le prendre en pitié, lui qui n’en a guère pour son entourage dont pourtant il dépend ? D’ailleurs, est-il si fable que cela pour être capable de faire tant de bruit ? Le vrai malade meurt en silence faute d’avoir la force d’appeler.
o-o-o
Peut-être faut-il quand même un peu plus de sérieux pour comprendre cette citation de Mathias Malezieu. Car définir la maladie comme l’état proche de celui de la vieillesse, c’est aussi dire qu’elle nous rapproche de la mort, ou au moins de l’intuition de notre mortalité. Le vieillard est l’homme qui sent à chaque instant la limite de la mort borner son horizon. Doit-il penser à l’été prochain, lui qui ne sait s’il sera encore en vie ?  Doit-il prendre part au le combat politique, alors que les élections sont encore si lointaines ? C’est quand même Pascal qui dans sa Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, fait de celle-ci l’expérience de l’agonie et de la mort. (1)
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(1) La maladie est « une espèce de mort » cf. texte ici. Et son commentaire .

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

l’homme qui sent à chaque instant la limite de la mort borner son horizon.
sublime
je vous embrasse cher Jean pierre