Sunday, July 01, 2007

Citation du 2 juillet 2007

Dès qu'un humain vient à la vie, il est déjà assez vieux pour mourir.

Martin Heidegger - Etre et temps

Angoisse existentielle : l’expérience intime de la contingence de mon être. Je suis ; mais je pourrais aussi bien ne pas être. Depuis que la métaphysique existe, elle a pris appui là dessus : je ne me suis pas donné à moi-même l’existence dont je jouis. Il ne dépend donc pas de moi de la conserver indéfiniment.

Il peut être intéressant de montrer la place de cette angoisse dans la représentation de la vie.

Pour Heidegger, comme pour Kierkegaard, la vision de la mort est en même temps l’expérience de la finitude de l’existence, ce qui a des conséquences essentielles pour le vie elle-même. Ça débouche sur le « souci de soi » de Heidegger, ou sur la recherche du « sérieux » dans l’existence chez Kierkegaard. Dans tous les cas, l’angoisse est quelque chose de positif. Oui, quiconque oublierait cela (cf. le divertissement pascalien) perdrait une dimension essentielle de l’existence, il lui manquerait quelque chose à vivre, parce qu’il lui manquerait la représentation de sa mortalité.

Alors, sans insister sur les critiques de la morbidité d’une telle conception (d’Epicure à Sartre, pour qui on meurt toujours « par-dessus le marché »), c’est la positivité de l’angoisse qui peut nous retenir.

Aujourd’hui, l’angoisse, ça se soigne. Je n’insisterai pas sur les effets secondaires indésirables des médicaments prescrits à cet effet. J’insisterai sur le fait que nous considérons l’angoisse comme une pathologie, alors que nos ancêtres y voyaient une expérience salvatrice. Sans aller jusqu’à rappeler la contre-réforme (1), Sartre - encore lui - considéraient l’angoisse comme le vertige de la liberté.

Alors, si en vous levant ce matin vous avec « les boules », dites-vous que vous faites une expérience dont il ne vous reste plus qu’à rechercher le sens.

Excellent exercice.

(1) Au 17ème siècle, les prêtres multipliaient à l’envie les avertissements sur l’imminence de la mort. « Tu te nourris pour nourrir les vers qui te mangerons, disaient-ils ». Et ils ajoutaient : « Cadaver, signife : caro-data-vermibus ». Je vous laisse traduire.

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