Wednesday, July 04, 2007

Citation du 5 juillet 2007

Vous appelez ça des charters, mais ce ne sont pas des charters. Parce que des charters, c'est des gens qui partent en voyage, en vacances, avec des prix inférieurs. Là, ce sera totalement gratuit...

Edith Cresson

[Pour mémoire, rappelons qu'on parle ici des charters affrétés pas le Gouvernement pour "rapatrier" des migrants clandestins]

Qu’est-ce que l’humour ? Si la phrase d’Edith Cresson prête à sourire, il faut pourtant avouer que ses propos sont des propos sérieux, et on ne suppose pas qu’ils aient l’intention de faire rire. Alors supposez maintenant qu’un humoriste-imitateur tombe là-dessus. Il prend la voix de Brice Hortefeux : qu’est-ce qu’il aurait à ajouter à ça pour faire rire le public ? Pas grand chose.

S’agirait-il de caricature ? Même pas. Il n’y a même pas à faire répéter mécaniquement par le même personnage toujours la même phrase (procédé employé régulièrement par les Guignols de l’info). Il suffit de répéter ce qu’a dit un personnage, sans même le déformer, mais en le situant dans un autre contexte pour que ça devienne amusant, ou ridicule, voire même révoltant. Il y a alors l’émergence d’un sens nouveau rendu possible par ce déplacement.

Ici bien entendu, le comique consisterait à accentuer le cynisme de la situation : « Ceux qui partent en vacances sont content, et pourtant ils doivent payer leur charter. Et eux (=les clandestins), ils n’ont même pas à payer leur voyage. De quoi se plaignent-ils donc ? ».

Maintenant, l’humour ainsi entendu peut-il être pris au sérieux ? Puisque je parlais des Guignols, certains se sont émus de ce que « l’information » politique des jeunes ne viennent que de là.

Evidemment, ça ne fait pas beaucoup. Mais supposez qu’on considère que leur humour soit moins mensonger que l’intox diffusée au 20 heures ? C’est donc bien le problème du sérieux de l’humour qui est posé.

Je suis sûr que chacun a déjà sa réponse. Moi, je me contenterai de souligner que les procédés humoristiques n’ont pas pour fin de démasquer, mais d’amuser. Certes, ils peuvent amuser en démasquant. Mais les procédés destinés au comique supposent une déformation du réel, car ce qui est spontanément comique peut être insignifiant (voir l’exemple donné par Bergson de l’homme qui tombe sur le trottoir - Post du 8 janvier 2007).

« Qui est-ce qui va garder les enfants ? » Vous vous rappelez ? Quand un politicien fait rire intentionnellement, c’est toujours pour faire tomber l’autre.


P.S. Ce Post était rédigé avant que soit connu l’adjectif malsonnant employé par Patrick Devedjian à propos d’Anne-Marie Comparini (1). On s’en est à juste titre indigné. Mais on aurait pu tout de même demander à monsieur Devedjian s’il parlait sérieusement ou si c’était juste pour le fun ? Et au cas où il aurait été sérieux on aurait pu lui demander de préciser sa pensée. Moi, je veux bien qu’on dise que cette dame est une s… ; mais alors, je veux savoir pourquoi.


(1) La « mésaventure de Devedjian n’a rien d’exceptionnelle. Voir la cas du 1er ministre hongrois (post du 20 septembre 2006)


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Pendant quelques jours - pour raison de vacances - La citation du jour assurera un service minimum ; il n’y aura donc pas jusqu’au 14 juillet inclus de commentaires aux commentaires.

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