Friday, September 07, 2007

Citation du 8 septembre 2007

Définition - Imputer une action à quelqu’un, c’est la lui attribuer comme à son véritable auteur, la mettre pour ainsi parler sur son compte et l’en rendre responsable.

Dictionnaire de Trévoux (cité par Paul Ricœur - Le juste p. 44)

Aujourd’hui, il semble que la vox populi ait trouvé un relais au plus haut niveau de l’Etat. En témoigne cette affirmation que la démence ne saurait être cause de l’extinction de l’action judiciaire : entre un doux dingue qui ne ferait pas de mal à une mouche et l’obsédé pathologique qui viole et qui tue, il faut faire la différence, et le crime doit être poursuivi en justice parce qu’il a eu lieu et non pas seulement lorsqu’il a été voulu, ou assumé.

Si on ne mélange pas cette revendication avec l’appel à la vengeance (1), le problème est alors un problème de droit, qui ne se réglera pas sans une élucidation philosophique. La question est de savoir si on peut imputer l’acte à celui qui vient de le commettre, sachant qu’imputer juridiquement parlant implique l’obligation de subir la punition et de réparer sa faute - le pénal et le civil.

Ce n’est pas pour rien que l’ouvrage de Ricœur cité en référence est fait de conférences prononcées devant des magistrats : c’est que la question de la responsabilité pénale est d’abord celle du sujet de l’action. Question strictement philosophique (même si la psychiatrie s’en empare aussi à juste titre). Je ne peux ici que renvoyer au texte de Ricœur. Mais ce que je voudrais dire c’est que dans le discours présidentiel sur la question, j’entends l’idée que ce qu’on doit sanctionner, c’est l’acte, et que la justice poursuivra celui qui l’a accompli, même quand il n'aurait pas été en état ni de savoir, ni de vouloir ce qu’il faisait. Alors, certes, les braves gens disent : « Ça n’est pas possible de ne pas savoir ce qu’on fait. Ou bien c’est une fausse excuse, ou bien c’est qu’on a fait exprès de se mettre dans cet état d’inconscience. On aurait dû pouvoir l’éviter. » Mais au fond, ce qu’on veut, c’est, coûte que coûte, que quelqu’un paie.

Ce n’est pas nouveau : c’est comme ça qu’au moyen age on a fait des procès à des animaux.

(1) On entends certains dire en effet « Tu as tué mon enfant, je te mets une balle dans la tête ». L’idée ici, c’est que la victime - ou ses proches - doivent avoir le droit de se faire justice eux-mêmes. Voir là-dessus mon Post du 14 juin 2006.

2 comments:

Anonymous said...

On se retrouve ici avec l'ancienne conception de la responsabilité analysée notamment par Hegel, celle du héros antique, tel Oedipe, qui assume l'ensemble de ses actes, quand bien même il n'aurait pas voulu ce qu'il a fait.

Jean-Pierre Hamel said...

tout à fait : c'est la conception qui prévaut dans toute l'Antiquité, et la tragédie ne se comprend qui si on admet que les fautes des pères sont la responsabilité des enfants.