Tuesday, November 06, 2007

Citation du 7 novembre 2007

Marie est la seule femme à qui Dieu dit « Maman ».

Sartre - Méditation écrite pendant la guerre (1)

Voilà : j’ai mauvaise conscience d’avoir réduit la Sainte Vierge à une image saint-sulpicienne un peu ridicule (c’était le Post du 5 novembre 2007). Je vais me rattraper aujourd’hui : Marie est mère de Dieu, et c’est en cela qui est extraordinaire.

Si vous lisez le texte de Sartre cité en référence (il n’est pas bien long), vous verrez que l’idée qui est développée, c’est que Marie est avant tout une mère, et qu’elle ne peut l’être pleinement qu’à condition d’oublier que Jésus est Dieu.

Ce petit à qui elle donne le sein en caressant sa joue veloutée, il lui ressemble. « Sa bouche est la mienne, il a mes yeux » dit-elle. Mais, que l’enfant réapparaisse comme le Dieu vivant, et à nouveau l’écart se creuse ; cet enfant est enfant-Dieu et non plus son enfant.

Maintenant, voici le cœur du texte, celui qui révèle son intérêt : «Toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment devant ce fragment rebelle de leur chair qu’est leur enfant. Elles se sentent en exil devant cette vie neuve faite avec leur vie et qu’habitent des pensées étrangères. Mais aucun enfant n’a été plus cruellement arraché à sa mère, car il est Dieu et dépasse de tout côté ce qu’elle peut imaginer. »

Il y a de la Vierge Marie en chaque mère, et c’est aussi pour cela que le culte de la Madone est si vivace. Pour que ce culte ait cette vitalité et cette ferveur, il faut que les femmes se soient reconnues en Marie ; et c’est l’expérience de cette distance au sein de cette proximité qui en a fait la substance. Etre mère, c’est faire l’expérience de la fusion (l’enfant qu’on berce, l’enfant au sein), et l’instant d’après l’expérience de l’arrachement.

C’est ça que les Papa-poules ne vivront jamais.

(1) Oui, je sais, ça surprend de trouver ce texte de Sartre parmi les bondieuseries des sites calotins du web. Il paraît qu’il aurait écrit ça pendant qu’il était au Stalag à la demande de ses camarades croyants, pour la fête de Noël.

4 comments:

Anonymous said...

"C’est ça que les Papa-poules ne vivront jamais."
Là, je ne suis pas d'accord. Quand je vois par exemple qu'un de mes collègues frôle la dépression parce que sa fille aînée vient d'entrer à la faculté et qu'elle ne rentre plus que le week-end à la maison (et encore), ou qu'un autre de mes collègues a failli avoir une crise cardiaque en voyant sa fille embrasser un garçon dans la cour du lycée... Si ça ce n'est pas être victime de l'arrachement !

Jean-Pierre Hamel said...

Hé oui ! Qui donc mesurera la part féminine présente en l'homme ?
Mais le propre de l'arrachement maternel, c'est de ne pas être incestueux !

Anonymous said...

"Mais le propre de l'arrachement maternel, c'est de ne pas être incestueux !"
Pourquoi ne le serait-il pas ?

Jean-Pierre Hamel said...

Pourquoi ne le serait-il pas ?
j'ai sauté un mot : il faut lire "c'est de ne pas être "nécessairement" incestueux."