Sunday, November 11, 2007

Citation du 12 novembre 2007


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Miss.ticien anonyme

Voyez ce pochoir de Miss.Tic : abîmé par la pluie, par des graffitis….L’œuvre de Miss.Tic doit-elle rester dans la rue, ou bien ne devrait-elle pas plutôt s’exposer dans des galeries ? (1)

Je me doute que le débat ne concerne pas forcément tout le monde, sauf que ça pose la question de l’art de rue.

L’art de rue qu’est-ce que c’est ?

Je me limiterai à trois choses :

- d’abord le rapport entre le lieu et l’œuvre : elle sera sur ce mur, dans ce quartier, situé dans cette ville - et rien d’autre. Impossible de l’imaginer - tel quel - ailleurs. En revanche, la peinture de chevalet est censée indépendante du lieu où on la trouve - constater la neutralité des murs de musées.

- ensuite la rencontre - j’allais dire « l’interpellation » - des passants : le public ne prémédite pas son passage devant l’image qu’on lui propose, elle doit le happer au passage.

Mais cette interpellation peut très bien fonctionner en sens inverse - du passant vers l’œuvre : c’est une vraie relation parce qu’elle est réversible. Ici, il s’agit de la main anonyme qui interpelle à son tour la Miss du pochoir ; ce message qui s’invite dans l’œuvre, brouille la frontière entre le pochoir et le graffiti. A mon sens c’est ce qu’il y a de plus excitant dans l’art de rue : le passant n’est spectateur que s’il le veut bien. Mais, si c’est le cas, il peut encore devenir aussi acteur et intervenir dans l’oeuvre.

En tout cas, l’œuvre exposée dans la Galerie d’art se présente par définition comme indépendante de ce rapport. Reste à savoir si - ce que je crois - ça change quelque chose.

- enfin, l’éphémérité de l’œuvre : on voit ici, qu’avant même d’être attaqué par le graffeur anonyme, le pochoir de Miss.Tic a subi les dégradations de l’enduit du mur. Je crois être fidèle au point de vue de notre artiste en remarquant que ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’éphémérité propre à l’art moderne (cf. les « installations » - Post du 11 août 2007) : c’est la notion de vie de l’oeuvre.

Par ces dégradations imprévisibles, par cette espèce d’entropie, l’œuvre accède à la vie. Oui, vivre c’est être exposé au risque de vieillir et de disparaître un jour. Peut-être même que la vie se signale d’abord par cette lente érosion qui commence le jour de notre naissance (2). Il en va de même de l’œuvre, qu’elle soit dans un musée, dans un palais, une église, ou dans la rue. Plus de fiction, fini le mythe de l’œuvre éternelle. La Joconde aussi disparaîtra un jour.

Tu pleures, Mona Lisa ? Appelle le 06.99.58.17.29

(1) Voir la vidéo de Miss.Tic sur ce sujet : elle répond à cette question.

(2) Voir Post du 2 juillet 2007

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