Thursday, January 03, 2013

Citation du 4 janvier 2013



Contrairement à la plupart des branches de la physique, la biologie fait du temps l'un de ses principaux paramètres. La flèche du temps, on la trouve à travers l'ensemble du monde vivant, qui est le produit d'une évolution dans le temps. On la trouve aussi dans chaque organisme qui se modifie sans cesse pendant toute sa vie. Le passé et l'avenir représentent des directions totalement différentes.
François Jacob – Le jeu des possibles (Fayard – 1981)

En effet, voici bien ce qu'est le temps : le nombre du mouvement par rapport à l'antérieur et au postérieur.
Aristote –  Physique - Livre IV.  1, 17
La flèche du temps, on la trouve à travers l'ensemble du monde vivant, qui est le produit d'une évolution dans le temps : on a dit que les créationnistes américains sont des gens qui ont la niaiserie et l’obscurantisme pour religion. On dit aussi que leur refus de considérer les preuves scientifiques comme convaincantes et que la préférence qu’ils accordent au récit de la Genèse prise au 1er degré est proprement hilarant. Bref, ces gens sont simplement ridicules.
- Je trouve qu’avant d’en venir là, il serait bon de considérer leur affirmation comme on considérerait un poème : c’est-à-dire quelque chose qui nous révèle une certaine vision du monde, vision à laquelle on ne demanderait pas si elle est vraie ou fausse, mais plutôt de rafraichir l’image de notre monde.
Et la première chose que nous rencontrons dans  le récit que nous fait la Genèse, c’est que le temps n’existe pas : puisque lors de la création, Dieu s’est retiré du monde au 7ème jour, plus rien ne bouge (sauf par miracle). Il n’y a pas de mouvement selon d’antérieur et de postérieur, donc pas d’évolution et bien sûr pas de flèche du temps qui fait qu’on évolue dans un sens et jamais à reculons.
- Pas d’évolution du vivant : Adam était un homme comme nous, Eve également, et la vache dans le pré et le tigre dans les broussailles, et le lion dans la savane et le poisson etc…
Nous sommes de plain-pied avec tous les animaux qui nous entourent, on peut se dire que depuis l’origine – car il y a une origine – leur aspect et leur comportement est resté le même : nous pouvons les comprendre et même deviner ce que nous n’en saurions pas.
Mais ne l’oublions pas : Adam et Eve sont dans la même situation. Puisque rien ne change (sauf bien sûr par la rupture du péché originel), voilà que nous pouvons penser la fuite hors du paradis terrestre et la vie d’errance qui fut la leur. Victor Hugo a prêté sa plume à ce récit qu’on connait bien.
Voilà : nous sommes partis d’un poème, celui de la Genèse, nous arrivons à un autre poème, celui de la légende des siècles : la boucle est bouclée.
Reste ceci : si on admet que le poétique se reconnait à ce qu’il produit lui-même de la poésie, alors (comme le fait remarquer François Jacob) la physique est bien plus poétique que la biologie. En effet, pour la biologie la flèche du temps est irréversible, ce qui signifie qu’on ne pourra jamais connaitre ce qui a disparu. Par contre pour la physique, l’avant et l’après peuvent s’inverser : la cause peut devenir effet et l’effet devenir cause. Et même l’Univers, après s’être dilaté peut se contracter. Si vous faite tomber la tasse de café et qu’elle se brise par terre dit un astrophysicien, ne la ramassez pas : il suffira d’attendre un nombre suffisant de milliards d’années pour la voir se reconstituer et remonter sur la table, comme si on passait le film à l’envers.
Si ça ce n’est pas de la poésie, dites-moi alors ce que c’est !

1 comment:

Anonymous said...

Personnellement, je prends le meilleur "poétique" des deux : physique et biologie ... l'un complétant l'autre :-)