Saturday, January 05, 2013

Citation du 6 janvier 2013



Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, ni ne jetez vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils les piétinent de leur pieds, et que, se retournant, ils ne vous déchirent.
Evangile de Matthieu 7:6
Nolite mittere margaritas ante porcos (ne jetez pas les perles aux pourceaux) : ce proverbe qu’on a conservé sous la forme latine de la Vulgate, est extrait du Sermon sur la montagne, dont le chapitre 7 est un véritable trésor des locutions proverbiales que nous utilisons encore aujourd’hui  sans même connaitre leur origine. Il arrive même parfois que nous les adaptions dans un langage plus proche de nous, tels que : « Ne donnons pas de la confiture à un cochon ».
Avant d’être une recommandation d’éviter de perdre son temps à vouloir convertir ceux qui n’ont pas le sens du spirituel, ce proverbe opère déjà une distinction entre les « cochons » et les autres.
Qui sont donc ces cochons ? Des matérialistes et des athées ? Oui, bien sûr. Mais aussi, dans un sens plus profane il s’agit surtout ce tous ceux qui ne font pas partie de notre élite, et même – outrecuidance exorbitante – qui refusent de nous suivre et nous méprisent au lieu de reconnaitre la supériorité de nos valeurs.
Pour nous qui employons ce proverbe en-dehors du domaine religieux, ces cochons sont par exemple des « mépriseurs » d’œuvres d’art, ceux qui devant un tableau de Picasso demandent : « Qu’est-ce que ça représente ? » ou devant une œuvre de Miro : « Mon fils est à la maternelle : il en fait autant chaque jour. »
Je dois dire que le refus de donner nos perles à des cochons est une attitude plutôt réconfortante : puisque ces gens sont des porcs dans la mesure où ils refusent d’être nos disciples, c’est donc que nous sommes des maitres.
Mais si on y regarde mieux, on peut aussi observer que c’est là l’origine de l’ésotérisme, puisqu’on interdit la diffusion du savoir à ceux qu’on n’estime pas digne de le recevoir (1). Ne va-t-on pas être alors le complice de toutes sortes d’obscurantismes ? Cette posture ne risque donc-t-elle pas de couvrir toutes les impostures ?
L’Evangile nous met en garde contre une perte de temps ; on pourrait, par précaution, prendre quand même le temps de parler à ces cochons.
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(1) Pour le philosophe, la référence ici est la LettreVII de Platon.

1 comment:

Anonymous said...

Leur parler et même leur sourire humainement, chaleureusement, leur expliquer un angle de vue du monde sans les juger car à chacun sa sensibilité et ses expériences !!!