Sunday, May 05, 2013

Citation du 6 mai 2013



Les louanges, quoique fausses, quoique ridicules, quoique non crues, ni par celui qui loue, ni par celui qui est loué, ne laissent pas de plaire et, si elle [sic] ne plaît par autre motif, elle plaît au moins par la dépendance, et par l'assujettissement de celui qui loue.
Jean Domat (Moraliste du XVIIe siècle) –  Pensées
Voilà une citation bien utile parce qu’elle remet les choses à leur vraie place. Les puissants d’autre fois n’étaient absolument pas dupes des courtisans qui venait chanter leurs louanges. Ils ne croyaient sûrement pas à leur sincérité, mais ce qui leur plaisait c’est qu’en s’humiliant ainsi ces flatteurs célébraient la puissance de leur seigneur.
La louange quoique fausse, quoique non crue, plait parce qu’elle est une preuve réelle de l’assujettissement de celui qui loue. Quand on terminait les lettres ou qu’on prenait congé de quelqu’un avec la formule « Je suis votre serviteur, monsieur » ce n’étaient que des mots. Par contre, quand on s’abaissait à laisser gagner au jeu le roi, c’était de la tricherie, mais c’était surtout une preuve tangible du fait qu’on se laissait humilier parce que c’était le Roi et qu’il était le plus puissant.
Quand Louis XIV prenait une nouvelle maitresse, les courtisans restaient derrière la porte de la chambre pour écouter les cris de jouissance de la dame – cris  qu’elle ne manquait pas de pousser bien joliment. J’aime à croire que le roi n’en était pas dupe et que son plaisir était justement d’imaginer tous ces courtisans écoutant à sa porte et la femme entre ses bras criant pour eux – et non pour lui. (1)
Et nous, quand nous aimons le pouvoir, qu’aimons-nous ? Qu’on nous flatte pour prouver qu’il est bon de s’humilier à notre puissance ? La leçon donnée par notre Moraliste n’est-elle pas tout simplement qu’on n’est jamais puissant tout seul, qu’il faut en plus de la force, la compagnie d’autres êtres humains qui la subissent ?
Etre puissant dans la solitude, seul Zarathoustra l’a pu.
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(1) A ce propos, on a célébré les maitresses des rois mais rarement leurs malheureux maris légitimes. C’est ce que fait pourtant la chanson Le roi a fait battre tambour qu’on écoutera chanté par Yves Montant ici (paroles ici)

1 comment:

Anonymous said...

Bonjour Jean-Pierre,

peut-être connaissez-vous ?

http://www.lemontespan.fr/

Bonne journée de printemps :-)

F'(villef corrosive)