Saturday, May 16, 2015

Citation du 16 mai 2015

Pas de sensation de sécurité sans impression de danger. Elle (= le personnage du roman) ne dort jamais si bien que quand la pluie cingle le toit.
Fred Vargas – Temps glaciaires (p. 130)
Ce qui surprend dans cette affirmation, c’est qu’elle indique comme une évidence ce que j’ai toujours ressenti comme un mystère de ma nature.
Oui, je sais ce sont de biens grands mots, mais ils désignent une impression qui m’accompagne depuis tout petit. Lorsque le soir dans mon lit d’enfant, j’entendais dehors la pluie et le vent je m’endormais beaucoup plus agréablement que si rien ne se passait. A l’époque je n’avais pas de souci pour m’endormir, mais il arrivait qu’au moment de le faire j’aie une sensation délicieuse du sommeil m’envahissant. Et c’est là que l’impression du « danger » dont j’étais protégé venait augmenter mon plaisir. Depuis, même si l’âge venant ce plaisir de se sentir protégé est moindre, il n’en est pas moins toujours là, et ce qui me surprend maintenant, c’est que ce sentiment dont j’ai toujours cru qu’il m’était personnel soit partagé comme une évidence par d’autres.
Alors, peut-on aller plus loin : cette sensation de sécurité, puisqu’elle est  partagée, n’est-elle pas la base même de ce que l’on appelle « sécurité » ?  Celle-ci ne serait pas un absolu, mais une impression relative : plus j’aurais le sentiment de danger, plus la sécurité qui m’en protège paraitrait importante. Autrement dit, ce n’est pas la force dont elle est pourvue qui compte, c’est mais le risque qu’elle écarte.
On dira que c’est bien vite dit tout ça : quand les frères Kouachi sont venu à Charlie ils ont ratatiné la protection policière et fait un carnage. Quand deux terroristes  ont voulu faire la même chose au Texas, ils ont été liquidés en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Les policiers américains dégainent plus vite que leur ombre – pas les français : c’est ça la sécurité, pas autre chose.

Certes. Reste qu’il faut la pluie qui cingle pour que je prenne conscience de l’existence du toit.

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