Sunday, May 17, 2015

Citation du 18 mai 2015

 Le noir est comme un bûcher éteint, consumé, qui a cessé de brûler (. .. ). Il est comme le silence dans lequel entre le corps après la mort quand la vie s'est usée jusqu'au bout. C'est, extérieurement, la couleur la plus dépourvue de résonance (…) Ce n'est pas sans raison que le blanc est la parure de la joie et de la pureté sans tache, le noir, celle du deuil, de l'affliction profonde, le symbole de la mort. (…) Le bleu profond attire l'homme vers l'infini, il éveille en lui le désir de pureté et une soif de surnaturel.

Kandinsky, Du spirituel dans l'art
 (Suite du Post d’hier)

Hier, nous avons vu que le blanc symbolisait la pureté et qu’elle évitait la séduction des couleurs.
Mais dans le cas d’œuvres peintes, le blanc devient un simple « Monochrome » - un de possible, parmi d’autres.
Ainsi du célèbre  carré blanc sur fond blanc de Malévitch :

Malevitch – Carré blanc sur fond blanc 1918

Mais aussi du non moins célèbre Carré noir sur fond blanc, du même artiste :


Quant aux Monochromes Bleus d’Yves Klein l’artiste en était si fier qu’il en a fait breveter la couleur:

 J’avoue que je suis un peu sceptique quand on me dit qu’il s’agit d’épurer les émotions devant l’œuvre pour que ne subsistent que celles qui sont liées à sa perception : à ce compte les magasins Muji dont je parlais hier sont de véritables œuvres d’art.
Kandinsky nous invite à suivre cette intuition des couleurs. Si le blanc agit sur notre sensibilité, pourquoi pas le noir, et le bleu aussi ? Le problème c’est qu’il y a peut-être autant d’interprétation que d’artistes… et de spectateurs. Qu’on songe aux noirs de Soulages : s’agit-il là d’œuvres exsangues et évoquant la mort comme le croit Kandinsky ?

Par contre je crois volontiers que ces monochromes ont dans leur simplicité le mérite d’attirer l’attention sur la pâte picturale, et sur sa texture. C’est évident pour le Carré blanc de Malevitch qui ne se distingue du fond  blanc que par cette différence de matière. Mais c’est vrai aussi des Monochromes de Klein qu’on a dû protéger par une vitre parce que le public les souillait en les touchant pour sentir sous les doigts la pâte de la fameuse couleur bleue (j’ai vu ça à Beaubourg il y a fort longtemps).

Les Monochromes ? Une peinture pour les aveugles !

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