Wednesday, May 27, 2015

Citation du 28 mai 2015

J'avais dû résoudre avant de partir le vieux problème : si vous étiez isolé pendant plusieurs mois, quels livres emporteriez-vous ? Dosant les genres, j'avais emporté un Molière et un Rabelais complet, un Cervantès, un Nietzsche et le Théâtre d'Eschyle en bilingue. Spinoza, des extraits de Montaigne, et comme partitions musicales, les deux Passions de Bach et les Quatuors de Beethoven.
Alain Bombard – Naufragé volontaire
Ce genre de citation appelle d’habitude à cette réflexion :
- Et moi, quelle liste pour l’ile déserte ?
Réflexion désormais ob-so-lète ! Inutile de faire une telle liste : prenez une liseuse, un chargeur solaire, et partez tranquille : vous avez la Bibliothèque d’Alexandrie en poche. Et si vous optez pour une tablette vous aurez en prime tout Bach et tout Beethoven en MP3.

Reste que si ces progrès nous délivrent de la crainte de l’erreur (« Et si  j’oubliais une œuvre qui me manquerait après être arrivé sur mon île ? »), ils ne résolvent pas la question cruciale :
- Sachant que je n’aurai jamais le temps de tout lire, que lire ?
C’est une question qui est bien connue : pour se la poser, il suffit d’entrer dans une bibliothèque (inutile d’aller à la BNF : une simple Médiathèque fera l’affaire), et de regarder les étagères chargées de livres, à perte de vue.

Que choisir ?
… Hum : je ne sais pas si je saurais répondre à cette question. Tout ce que je peux vous dire c’est comment j’y ai répondu pour moi-même.
1) D’abord et avant tout, fuir les « amis » qui font de l’érudition une compétition. Ceux qui, lorsque vous avouez que vous n’avez pas lu tel ou tel auteur qu’ils jugent indispensable, lèvent un sourcil « Ah bon ? Tu n’as pas lu ? Tu vas voir c’est incontournable/inévitable/bouleversant … »
2) Admettre une fois pour toutes que ce qui compte dans la lecture, c’est ce qui se passe entre le livre et vous. Naufragé dans un océan de livres, chacun de ceux que vous lisez est comme une planche de salut qui vous allège de vos soucis et vous apporte un petit supplément d’être.
3) Ne vous inquiétez pas pour savoir si ce petit supplément va s’additionner aux autres pour faire un « grand supplément » : ça se fait tout seul – sauf si :
4) Sauf si vous en rencontrez qui ne vous apportent pas cela. Rejetez les impitoyablement, même si ce sont des ouvrages encensés par l’Histoire : « Ah !... Proust !... Le Génie dont l’humanité avait besoin. »
Hélas !... J’avoue que je me suis noyé dans le cycle Albertine….

- Aïe ! Ne me tapez pas ! Pas sur la tête !

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