Friday, February 19, 2016

Citation du 20 février 2016

Cette immodération, cette désobéissance, cette révolte de l'esprit humain contre toute limite imposée soit au nom du Bon Dieu, soit au nom de la science, constituent son honneur, le secret de sa puissance et de sa liberté.
Bakounine – L'empire knouto-germanique (Lire le texte ici)
Le refus des limites, qu’elles soient imposées par Dieu ou par l’homme est trop connu chez Bakounine pour qu’il soit nécessaire d’y revenir.
Toutefois, voilà qu’en relisant sa phrase on sursaute : même la limite imposée par la science doit être refusée au nom de la liberté et de l’honneur d’être un homme. Y a-t-il des limites que la science nous imposerait et que nous pourrions espérer franchir ? La limite de la vitesse de la lumière ? Celle de la connaissance de l’instant qui précède le big-bang ? Ou plus simplement de connaître simultanément la position et la vitesse d’une particule ? Ou encore de savoir si le chat de Schrödinger est vivant ou mort ?
Il y a un principe que Comte a posé et qu’à ma connaissance aucun scientifique n’a jamais mis en cause, c’est qu’il y a des questions auxquelles un savant doit savoir renoncer. La première de toute est la question « Pourquoi ? », dévolue à la religion ou à la métaphysique. Oui, si nous restons sur le terrain scientifique, nous ne pouvons pas demander pourquoi la vie est apparue sur terre ; on nous dira peut-être : « La vie est apparue sur terre parce qu’elle était possible ». Oui, mais ce savoir, s’il est scientifique, doit obéir à des lois ; ce savoir n’est donc pas un savoir du possible, mais du nécessaire. Plus simplement encore, la question que doit refuser la science est celle de la finalité : Pourquoi = à quoi ça sert ? "A quoi ça sert qu’il y ait des hommes plutôt que pas d’hommes du tout ?" n’est pas une question scientifique.
Alors il est vrai qu’il n’y a pas de limites imposées à la science par  un pouvoir quelconque, qu’il soit religieux, philosophique ou politique. C’est à la science de dire quelles sont ses limites, sachant qu’il s’agit de limites de la théorie et non de celles de la pratique. Je veux dire : dès lors que le savoir inclut un pouvoir, les limites de l’un et de l’autre ne se recouvrent pas forcément. Par exemple : la biologie nous enseigne ce que sont les gènes et comment notre génome est organisé. Du coup nous avons le pouvoir de le modifier. Nulle science ne nous dira si l’on a le droit de le faire. On est même persuadé que, dès lors qu’on sait le faire, alors on le fera tôt ou tard.

On fera quoi ? Des hommes à quatre bras ? A deux têtes ? Ou avec mille milliards de neurones en moins, parce que pour faire des ouvriers ça suffira bien – vous savez, pour organiser les castes, comme dans Le Meilleur des mondes

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