Wednesday, March 09, 2016

Citation du 10 mars 2016

Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli.
Gustave Flaubert – Correspondance

On le sait Flaubert se retrouvait d’accord avec les Goncourt par son mépris du peuple. Avec, pour Flaubert un égal mépris de la bourgeoisie qui était alors au pouvoir.
Du coup, le sens de l’histoire est celui d’une déchéance : quand le peuple sera devenu aussi bête que les bourgeois, il pourra acquérir le pouvoir démocratique, alors ce sera l’épanouissement (sic) de l’évolution politique de notre société. Et, en quoi consiste donc la bêtise bourgeoise ? En quoi diffère-t-elle de la bêtise populaire ? – En ceci que la bourgeoisie se rengorge dans la certitude de constituer l’élite, alors que le peuple se contente de l’admirer d’en bas. Oui, ce qui manque au peuple, du temps de Flaubert, c’est de mépriser l’élite de la République.
Depuis un siècle et demi, la Démocratie est en place et si Flaubert revenait que pensez-vous qu’il dirait – par exemple en voyant le succès promis à Donald Trump ?
- Voilà, dirait-il, l’inversion de ce que je connaissais, mais hélas ce n’est pas un progrès ! On a un bourgeois qui pour être élu par le peuple doit se présenter comme un prolétaire mal élevé ! Qui insulte les élites, qui les humilie comme s’il était un garde rouge ! Qui serait bien incapable de gouverner ne serait-ce qu’une minute les Etats-Unis, – mais qui est préféré pour cela !

Oui, c’est vrai : la démocratie contemporaine a pris ce virage qu’on devinait déjà du temps des Goncourt (cf. ici) : pour occuper le fauteuil du Président, il nous faut un bouffon. Pour gouverner il nous suffit d’avoir des spécialistes.

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