Sunday, March 20, 2016

Citation du 21 mars 2016

A chaque seconde sur terre un imbécile voit le jour.
Irvin Yalom – Le problème Spinoza (p.502)
Le temps ne fait rien à l’affaire / Quand on est con, on est con.
Georges Brassens – Chanson
Voilà deux citations frappées au coin du bon sens n’est-ce pas ? Qui donc contesterait que les imbéciles soient tels depuis qu’ils ont vu le jour ? Et que les cons sont des « cons-de-naissance » ?
Mais il faudrait peut-être y réfléchir à deux fois, car ce qu’on affirme alors c’est que l’imbécilité est un attribut de la substance humaine, qu’elle en exprime une certaine essence, (illimitée et infinie pour parler comme Spinoza (1)).
C’est sans doute beaucoup trop dire et on doute fort qu’il faille aller jusque là : qu’un individu soit imbécile – et déjà faudrait-il s’entendre sur le sens de ce terme et sur les critères qui permettent de reconnaître ses manifestations – peut fort bien se comprendre comme une évolution un tournant dans la vie tout à fait ordinaire du personnage en question. Du coup, s’il n’est pas définitivement et irrévocablement imbécile, le voici en revanche devenu responsable de sont état. « Tu étais un homme brave et juste et te voilà devenu imbécile ! C’est ton choix ! »
Brassens a un peu le même préjugé : quand on est con, on est con : rien à dire de plus, pas de circonstances particulières, le con est con de part en part, la connerie est une manière d’être qui ne s’acquière pas, et de même elle n’évolue pas : le petit con d’la dernière averse est de nature identique au grand con des neiges d’antan. Autrement dit, avant d’être un attribut de l’essence humaine, la connerie est elle-même une essence qui se retrouve partout à l’identique. Ce qui, soit dit en passant, dispense de la définir : tous ceux que la connerie indigne seraient offensés qu’on les mette à l’épreuve de la définition : « Comment ? La connerie est tellement énorme, tellement évidente, que vouloir la définir c’est la réduire à un fait banal et minuscule : c’est déjà l’excuser ! »
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(1) Voir ce commentaire de Spinoza par Gilles Deleuze

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

et con celui qui croit qu'elle peut évoluer. et il est payer d'une illusion qui creuse de sillons de souffrance car un con peut faire mal et ne lache jamais il reconmmence sans nuance et avec plus de force

très belles citations çà détruit l'illusion au cas où on arait encore envie d'en faire ...
bon fretour cher jean pierre .
amicalement