Monday, April 25, 2016

Citation du 26 avril 2015

Nous ne traitons pas les morts comme des déchets de la nature, mais comme des ancêtres.
Paul Ricœur – Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social
Le tombeau des héros est le cœur des vivants.
Malraux – Oraison funèbre de jeanne d’Arc
Un petit détour ce matin par le domaine des modes de sépultures. Quand je dis « mode », il faudrait presque prendre cela au sens courant : il devenu « à la mode » de faire incinérer les morts et, en dernier geste d’affection, de lui offrir un « épandage » de ses cendres dans un lieu particulier, choisi par le défunt ou par ses familiers.  Autrement dit, on ne lui donne pas un tombeau marqué à son nom et inviolable, mais on ne laisse pas non plus son urne funéraire trainer sur la voirie : n’oublions pas en effet le scandale lorsqu’on trouve dans un vide grenier une urne vendue comme vase pour mettre des fleurs et qui contient encore les cendres du grand-père !
Mais là où la citation de Ricœur nous laisse sceptiques, c’est quand il parle de poids des ancêtres dans l’attitude de respect envers les morts. Selon lui, cette attitude suppose un culte des ancêtres, la croyance en leur survie propice à la descendance de leur famille, dans l’au-delà d’où ils veillent sur les vivants – les quels doivent donc leur rendre un culte, au moins en allant s’incliner sur leur tombe une fois par an.

Que le corps, entendu comme dépouille post mortem, soit l’objet de soins attentifs comme le suppose Ricœur demande donc une petite vérification. Si nous ne faisons plus très attention à ce que devient le corps du défunt après la séparation d’avec le monde des vivants, c’est sans doute parce que nous sommes de plus en plus matérialistes : qui donc lève les yeux au ciel, pour invoquer l’âme du « cher-disparu-qui-nous-voit-de-là-haut » ? Le cher-disparu a en effet tiré sa révérence du monde qui est le notre et il n’y en a pas d’autres où il puisse se trouver. Si nous le cherchons, c’est dans notre cœur que nous le trouverons, où il est resté bien au chaud, dans les tendres souvenirs que nous gardons le lui – et quand au reste rien ne subsiste. Autrement dit, et comme le dit Malraux :
Ô Jeanne, sans  sépulture et sans portrait,
toi qui savais que le tombeau des héros est le coeur  des vivants !
Malraux - Mémorial de Jeanne d'Arc  Place du Vieux marché à Rouen.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

elevé dans deux tradition le ciulte des ancêtres je posséde ce rituel et combien necessaire dans la vie pour maintenair de actes pôsés sur des progénitures...
merci de ce beau billet qui me parle vivantement
Tendrement votre Amie jean Pierre.