Friday, March 10, 2017

Citation du 11 mars 2017

Le politique manque de parole, pas de phrases.
Miss.Tic





S’il y a un moment où la rhétorique et l’art oratoire prennent le dessus, c’est bien le moment des campagnes électorales. Miss.Tic nous le rappelle judicieusement : en matière de politique les promesses d’aujourd’hui ne sont pas les actes de demain. D’ailleurs elles n’engagent que ceux qui y croient : la preuve est qu’ils sont capables d’aller voter pour ceux qui les font.
Pourquoi le font-ils ?
- Nous sommes tous logés à la même enseigne car aucune action ne peut être engagée aujourd’hui, puisque justement il faudra arriver demain au pouvoir pour faire quoique ce soit d’utile politiquement. En attendant il n’y a que le verbe : words, words, words… comme disait Hamlet. Paroles, paroles, paroles… comme dit la chanson.
- Et puis, voilà que la dimension du « rêve d’avenir » entre en jeu. Nous savons bien que le revenu universel n’est pas pour demain, du moins si l’on entend par là la possibilité pour chacun de vivre sans travailler et de transformer chaque travailleur en bénévole. « Oui, je le sais bien, mais quand même… » comme disait Octave Mannoni. Il y a en nous un besoin de rêve qui entrelace la fiction et la réalité en y mettant juste ce qu’il faut de flou pour qu’on puisse y croire évitant ainsi de déflorer le projet par la lumière trop crue du réalisme.
Remercions le politique de prendre ce besoin en charge grâce à ses programmes qui réenchantent l’avenir, en faisant oublier un instant la loi des marchés, en gommant la dette, en cachant la mondialisation derrière le paravent des mots.
Oui, le politique manque de parole ; mais heureusement pour nous, il ne manque pas de phrases. D’ailleurs, est-ce qu’on lui demande autre chose ?
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(1) «Je sais bien mais quand même » a été́ énoncé́ lors d’une communication à la Société́ Française de Psychanalyse en novembre 1963 et publié par les Temps Modernes en janvier 1964 (n° 212).

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