Thursday, May 11, 2017

Citation du 12 mai 2017

- L'impôt sur l'industrie.... diminue nécessairement la consommation, et, en diminuant la consommation, il empêche la reproduction ; il tend donc à détériorer l'agriculture.
Condillac – Le commerce et le gouvernement (1776), part. I, ch. 28
- Le gouvernement portera coup à l'agriculture et au commerce, toutes les fois qu'il entreprendra de fixer le prix des denrées        
Condillac – Le commerce et le gouvernement (1776), part. I, ch. 4
- Il fallut répandre, sur toutes les frontières, des troupes pour empêcher la contre-bande qu'on n'empêchait pas   
Condillac – Le commerce et le gouvernement (1776) part. 2, ch. 5

Inutile je suppose de le souligner : Condillac défend une économie libérale qui estime que les taxes, les règlements et les frontières ruinent les pays qui les cultivent au lieu de leur apporter la prospérité espérée.
Ces arguments sont fort bien connus, et ils ont été mis à l’épreuve des siècles qui en ont découvert et les avantages et les limites. Mais la surprise vient de ce qu’ils soient toujours en débat aujourd’hui, comme si on devait les redécouvrir à chaque époque. L’histoire n’aurait donc pas su répondre à la question de leur évaluation ? Ou – plus probablement – croirait-on que ce qui était vrai en 1776 ne l’est plus en 2017 ?

Généralisons : il y a deux types d’évaluation en matière de connaissance :
            - L’une qui consiste à en vérifier la validité, par voie d’expérimentation et/ou de validité formelle. Une démonstration par une expérience cruciale  (expérimentum crucis : lire ici) n’a pas besoin d’être refaite car elle ne peut être contestée. Toute autre affirmation est alors considérée comme erronée et tombe dans l’oubli. Comme dit Bachelard, « il y a des erreurs qu’on ne commet plus ».
            - L’autre consiste à juger une assertion selon qu’elle soit cohérente ou non avec une doctrine ou une idéologie. Ainsi des thèses de Galilée concernant le mouvement des planètes autour du soleil, qui était jugée impie. Comme cette identité ne dépend que de la foi en ces thèses, il faut bien sûr rappeler à chaque occasion les hommes à la nécessité d’y croire pardessus tout.

On l’a compris : le libéralisme, né sous des hospices philosophiques est confronté à cette nécessité, il est donc perpétuellement mis en balance avec d’autres thèses également dépendantes de la foi dans une conception également philosophique de la vie des hommes. Reste à vérifier que l’économie libérale soit d’abord une science avant d’être une idéologie.


Si on vérifie ce point, et puisqu'on nomme « obscurantistes » ceux qui refusent de « croire » en l’évolution des espèces, il faudra dire comment nommer ceux qui pensent qu’à monter les taxes aux frontières on aura de meilleures conditions d’existences ?

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