Thursday, June 29, 2017

Citation du 30 juin 2017

Tous mes jours sont des adieux
Chateaubriand
Nous voici, avec Chateaubriand, dans la posture romantique, faite de regret et de mélancolie pour les jours enfuis, emportant ce qu’il y a en nous de meilleur et ne laissant à la place que soupirs et nostalgie.
Et pourquoi pas « Tous mes jours sont des bonjours » (valable aussi en 2 mots) ? Pourquoi ne pas se réjouir même de voir disparaître quelque chose de nous avec le temps qui passe ? Oui, pourquoi ne pas espérer que l’avenir nous délivre de nous-mêmes ? Si l’on est effectivement au fond du désespoir, on devrait espérer que ce couvercle de plomb qui écrase notre horizon et nous prive de tout avenir se soulève, qu’on puisse enfin lui dire adieu ?
Seulement voilà : en fait de romantisme, cette pensée-là est une pensée dépressive. On l’a expliqué  en disant que les romantiques étaient en réalité de jeunes aristocrates spoliés de leurs biens, ou privés de l’aventure révolutionnaire, ou encore des ambitieux venus après l’épopée napoléonienne. Des jeunes gens qui auraient voulu être plus vieux pour pouvoir vivre l’époque où tout basculait, et où le renouveau surgissait de partout. Bref : l’avenir est alors celui d’une décadence, parce qu’on s’éloigne toujours d’avantage d’un âge d’or définitivement révolu.

De nos jours cette phrase pourrait être prononcée dans deux cas possibles :
- soit il s’agit d’un vieillard qui regrette les jours passés et qui chaque matin a perdu un peu plus ce qui faisait de lui un être conquérant et heureux de l’être.

- soit il s’agit d’un être jeune mais qui se comporte comme un vieillard – entendez qu’il se définit seulement par rapport au passé porté par les anciens, et non comme un jeune héros qui prend l’avenir à plein bras pour le modeler selon ses désirs.

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