Friday, April 13, 2007

Citation du 14 avril 2007

Il faut prendre l'argent là où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. Bon d'accord, ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres.
Alphonse Allais

Le slogan qu’on jugeait bien ridicule : « Il faut faire payer les riches » le serait-il un peu moins si on le comparait à celui d’Alphonse Allais : « Faites payer les pauvres » ?
C’est pourtant sans doute un des thèmes du débat électoral le plus facile à comprendre : faire payer les pauvres n’est pas un programme ; c’est une réalité, et les taxes sont là pour le prouver. La TVA est la même pour tous, et elle pèse plus lourd pour les pauvres que pour les riches.
On a beaucoup parlé de l’incivisme des riches qui fuient la France pour éviter l’impôt (« …Oh oui, ça fait mal… ») ; ceux-ci répondent en alignant les sommes astronomiques qu’ils versent déjà : si un bon citoyen est celui qui paie le plus, hé bien ils paient déjà suffisamment pour être bien considérés.
Mais voyez ce que dit Allais : ce sont les pauvres qui paient le plus, ce sont eux qui alimentent le plus les caisses de l’Etat, par l’impôt indirect. D’ailleurs on entend chaque jour certains candidats déplorer que la part de l’impôt directe diminue constamment dans le budget de l’Etat : vous êtes vous demandé d’où venait le reste ? Hein ? Ça viendrait pas de votre poche, par hasard ?
Mais, riches et pauvres se retrouvent pour refuser de payer. La Fronde (1648) a été déclanchée par le refus général d’une augmentation d’impôt : la monarchie, financièrement épuisée par la guerre avec l’Espagne, doit lever de nouvelle taxes pour financer la guerre ; la guerre elle l’a eue, mais avec son peuple. Et puis, lisez Rousseau (1) : « Par tout pays, dit-il, le peuple ne s’aperçoit qu’on attente à sa liberté que lorsqu’on attente à sa bourse ». Et il ajoutait que « les usurpateurs adroits se gardent bien de le faire que tout le reste ne soit fait. »
Méfiez-vous des candidats qui vous promettent de baisser l’impôt et/ou la TVA : ils mijotent sans doute un mauvais coup contre votre liberté.



(1) Lettres écrites de la montagne, VIIème lettre

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