Tuesday, November 27, 2012

Citation du 28 novembre 2012



…on connaît ce mot charmant d'Euripide, qui disait en donnant des baisers et des caresses au bel Agathon qui avait déjà de la barbe: "La beauté reste même dans son automne."
Plutarque – Erotikos (Ed. Belles Lettres)

Les mœurs connaissent-elles une évolution ? On peut en douter quand, abordant le débat sur le mariage entre homosexuel(el)s, nous lisons ce dialogue de Plutarque. Soutenant que l’union d’un homme et d’une femme est supérieure à celle d’un homme avec un autre homme, il évoque l’instabilité de cette dernière – en raison entre autre de la barbe dont l’apparition fait fuir l’amant.
En effet, l’amour homosexuel chez les grecs et les romains unissait non un homme et un homme, mais un homme et un adolescent. C’est ainsi que le bel Agathon qui avait déjà de la barbe en était déjà à l’automne de l’amour : autant dire que ça ne durait pas longtemps.
Plutarque en conclue que, si on ne peut aimer un barbu, ce danger n’est pas encouru quand on aime une femme (1), donc que l’union hétérosexuelle était meilleure du point de vue de la stabilité de l’union – et donc de la qualité des mœurs.
On trouvera peut-être ce chemin d’argumentation tortueux ? Soit – Reste que l’idée évoquée par Plutarque est aussi celle qu’on entend aujourd’hui. L’union entre un homme et un homme serait une menace pour la société (grecque ou romaine, mais aussi la nôtre) entre autre parce qu’elle est instable, qu’elle fluctue au gré du désir érotique.
Et l’homme qui aime une femme, est-il donc plus fidèle ?
Oui – en tout cas c’est possible. Car si on en croit Plutarque, la femme enracine l’homme dans une relation stable et durable : grâce à ses attraits physiques, elle le garde avec elle suffisamment longtemps pour qu’apparaissent des liens plus profonds que l’amour : il s’agit de l’amitié (2) qui unit l’époux et l’épouse.
Autre temps, autres mœurs dira-t-on : aujourd’hui les homos vieillissent ensemble…
Alors, oui : accordons-leurs le droit au mariage… mais après une preuve de vie commune de 10 ans.
-----------------------------------------
(1) Tant et si bien que, pour faire fuir le prétendant-mari qui l’aurait empêchée de respecter son vœu de chasteté, sainte Wilgeforte obtint de Dieu qu’il lui fit pousser une barbe très fournie (voir ici)
(2) Il s’agit de la philia comme on l’a expliqué récemment (ici)

No comments: