Saturday, November 03, 2012

Citation du 4 novembre 2012



- La satisfaction de soi-même et le repentir.
Nous pouvons aussi considérer la cause du bien ou du mal, tant présent que passé. Et le bien qui a été fait par nous-mêmes nous donne une satisfaction intérieure, qui est la plus douce de toutes les passions, au lieu que le mal excite le repentir, qui est la plus amère.
Descartes – Traité des passions de l’âme, seconde partie, article 63
(Voir ici l’article 191 de la troisième partie)
- Ne dédaignons pas la bonté de Dieu qui nous attend à repentance depuis longtemps.
Bossuet, Sermons
- Repentance : RELIG. Regret douloureux que l'on a de ses péchés, de ses fautes et désir de se racheter; p. méton., manifestation de cette attitude.
P. ext. Regret d'une action quelconque
TLF – Article repentance
L’Algérie demande à la France de manifester sa repentance pour les crimes qu’elle a commis à l’encontre du peuple algérien durant la colonisation. Et on pourrait multiplier ces appels à la repentance toujours liés à quelques crimes d’Etat.
Un Etat peut-il se repentir ? Est-ce compatible avec sa souveraineté ? Qu’il soit personne collective ou  institution, est-il conforme à sa nature d’éprouver quelque chose – fut-ce une repentance ?
- Appelons à l’aide les auteurs du 17ème siècle, époque justement où ce mot avait un usage précis.
Déjà, observons que la repentance appartient au registre religieux – elle y apparait comme condition de la rémission des péchés (Bossuet) ; ajoutons qu’il ne s’agit d’un sentiment moral que par extension. Et qu’en plus, ce n’est qu’indirectement (par métonymie) que la repentance se limite à la manifestation de cette attitude – un peu comme Tartuffe affichant l’attitude de la dévotion.
On ne se repent pas sur commande, voilà l’affaire. D’où peut-être l’énergique bras d’honneur de Gérard Longuet qui fâche tant la presse algérienne – qui n’a pourtant pas de preuve qu’on se soit soucié de l’Algérie à ce moment-là.
Néanmoins, on pourrait encore se dire que la repentance, à condition d’être sincère, serait la bien venue, car, comme le dit Descartes, elle est fort utile parce qu’elle nous incite à mieux faire une autre fois (art.191). Mais y aura-t-il une autre fois ? On peut espérer que non.
- Alors, que veut l’Algérie ? Humilier l’arrogance de la France ancien pays colonisateur ?
Espérons que non. On peut en effet observer que la repentance est la condition du pardon : d’une certaine façon la repentance et le pardon sont même symétriques par rapport à la faute, ils constituent un aller-retour sur la même action : je te blesse – je m'en repens – tu me pardonnes.
Sauf que, pour être pardonné, il ne suffit pas de se repentir : il faut encore demander le pardon.
Vous imaginez un État – la France – demandant pardon à un autre État – l’Algérie – pour les massacres qu’elle y a perpétrés pendant presque un siècle et demi ?
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N.B. J'avais déjà consacré un Post à la demande de repentance de la part de l'Algérie : preuve que la question n'a pas été tranchée.

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