Wednesday, April 24, 2013

Citation du 25 avril 2013



[A propos ceux qui refusent les convenances dans les entreprises] : Ceux qui se comportent ainsi sont considérés par leurs collègues comme des cactus de bureau car la convivialité est exigée, sous forme de pots, de blagues convenues, de tutoiements et de bises hypocrites (toutes choses à simuler sous peine d'exclusion).
Corinne Maier (Psychanalyste) – Bonjour paresse (2004)

Il s’en passe des choses dans les entreprises… Dès lors qu’une communauté existe, elle pose ses propres règles, et malheur à qui y contrevient.
Tel était le message que je pensais rédiger en commentaire de cette citation. Mais hier on découvrait au grand scandale des partis de droite – et à la grande gêne de ceux de gauche –  dans un local syndical de la magistrature un « mur des cons », c’est-à-dire un tableau d’affichage où sont épinglées des photos d’hommes politiques, de journalistes, d’hommes d’affaire etc. qui sont particulièrement détestés par les magistrats.


On peut se dire que, s’agissant d’homme en responsabilité de la justice (et donc particulièrement affutés sur la distinction entre le public et le privé à propos d’un local syndical), tous les arguments pro et contra vont être exposés. Je peux donc me dispenser de le faire.
J’imagine donc l’histoire de ce tableau. Un jour, un petit malin (il y en a sûrement aussi chez les magistrats) invente d’occuper le tableau d’affichage syndical (que sans doute personne ne consulte jamais) en affichant des photos des personnes qu’il déteste le plus (on voit sur notre document celle de Brice Hortefeux qualifié « homme de Vichy ») ; il le baptise « mur des cons ». Et voici des collègues qui arrivent pour la pause-café, qui trouvent ça drôle et qui y vont de leur image. Et puis voilà un contestataire qui s’oppose : « C’est un véritable « pilori judiciaire », dit-il. Imaginez un instant que monsieur Hortefeux voit cela ? Il porte plainte contre vous : comment qualifier le délit que vous venez de commettre ? »
… C’est cela justement qui ne peut se concevoir, tant la pression interne – je veux dire celle qui est exercée par le groupe qui se constitue autour de cet acte – est forte. L’opposant est refoulé, ostracisé même, comme un trouble-fête dans la fête. L’adhésion au groupe impose ses règles, toutes ces choses à simuler sous peine d'exclusion, comme dit notre citation du jour.
Seulement voilà : il arrive ce qui devait arriver et cette liste de cons s’affiche au grand jour. Qui donc, dans ce noble et respectable corps de magistrats va se lever pour le défendre ? Qui donc va dire : « Monsieur le ministre – monsieur le député – oui, je vous le dis, vous êtes un con ! »
Les membres de la majorité de gauche préfèrent marmonner dans leur barbe : « Canular… Blague de potache… Ce n’est pas à prendre au sérieux. » Comme si ça n’avait de sens qu’à l’intérieur du groupe de ces gens qui, à l’heure de la pause-café, ont bien le droit de se détendre un peu.



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