Wednesday, April 03, 2013

Citation du 4 avril 2013



ARCHITECTES – Tous imbéciles. Oublient toujours l’escalier des maisons
Flaubert – Dictionnaire des idées reçues

Comment juger les œuvres des architectes ? Faire comme Flaubert, en récoltant les poncifs véhiculés sur eux (à noter qu’aujourd’hui encore, il nous arrive d’entendre ce propos sur l’oubli de l’escalier qui faisait rire déjà en 1850) ? Ou bien au contraire évoquer avec émotion Le Corbusier et Gaudi ?
Je propose une toute autre approche : les bâtiments construits par les architectes sont à voir comme des sculptures, indépendamment de leur fonction utilitaires. Si je sculpte en ayant pour modèle une boite à chaussures on ne se demandera pas si on peut y mettre des chaussures ou bien des lettres d’amour. Eh bien, cette maison de planches de Richard Greaves est exactement pareille. 


Richard Greaves « anarchitecte » en Beauce – Québec : La cabane à sucre
J’ai découvert Richard Greaves grâce au blog des Grigris de Sophie – voir ici. Un grand merci à Sophie !
Quelques idées suggérées par cette œuvre :
1 – Cette maison le proclame : il ne faut pas la regarder comme une œuvre définie par une fonction utilitaire : même si on nous dit que son auteur l’habite périodiquement, ainsi que toutes celles qu’il a construites aux alentours, nous admettrons qu’elle obéit à d’autres impératifs.
2 – Comme on le voit, cette maison est construite à l’aide de matériaux de récupération : l’architecte se fournit en allant sur la décharge publique. Ce que nous dit alors ce recyclage  d’architecte c’est que rien n’est mortel : châssis de fenêtre crevée, vieille porte défoncée, tuiles cassées : tout peut servir à reconstruire. Ou si vous préférez : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Lavoisier)
3 – Enfin, et peut-être surtout, ces maisons ne sont pas des ruines en train de s’effondrer, puisque Greaves peut les habiter. On dit d’elles qu’elles sont sculptées par le vent et la pluie : comme si ces éléments avaient remplacé la main de l’architecte, et que du coup la maison au lieu d’être construite contre les éléments naturels, pour les empêcher de pénétrer dans l’édifice, avait plutôt été construite avec leur concours pacifique. Comme le chasseur primitif pactise avec la Nature pour se faire pardonner de tuer les animaux qu’il chasse, l’architecte s’en remet aux éléments naturels pour qu’ils épargnent la maison qui abrite les humains.
N’est-ce pas là ce que recherchent les adeptes de l’écoconstruction ?

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