Sunday, December 13, 2015

Citation du 14 décembre 2015

L'événement le plus important de la puberté [chez l'adolescente] est la menstruation. Symptôme biologique de maturité sexuelle, le premier saignement génital détermine des réactions psychologiques si nombreuses et si variées que nous pouvons parler de la «psychologie de la menstruation » comme d'un «problème spécial».
H. Deutsch, Psychologie des femmes, I
Les tampons et serviettes, jusqu'ici taxés à 20% comme n'importe quel téléviseur, seront soumis à une TVA réduite, à 5,5%, comme les produits de première nécessité.
nouvelobs.com – 11/12/2015

Lorsqu’on aborde le chapitre des tabous, il en est un d’ordre physiologique qui est particulièrement tenace, c’est celui qui concerne les menstrues. Même les femmes - qui pourtant les subissent - semblent accepter qu’il en aille ainsi, cachant tant que possible cet état périodique, usant de périphrases pour l’évoquer (« les anglais débarquent » écrit  Louise Colet dans sa correspondance intime avec Flaubert). Pour les hommes, ou plutôt pour les religions, cet écoulement de sang est la marque d’une impureté « ontologique », qui fait de la femme, créature souillée et également « souillante », un être qui risque de contaminer tous ceux qui approchent dans ce moment. Phénomène qui perdure encore aujourd’hui : curieusement, alors que maintenant on pourrait supprimer les règles (grâce à des médicaments fort bien connus), de fortes résistances s’y opposent toujours.

Or, aujourd’hui justement, les femmes ont manifesté très bruyamment pour obtenir que les tampons périodiques soient taxés à 5% (et plus non 20%) en exigeant qu’on les classe dans les produits de première nécessité – et non parmi les éléments de confort. Je vous laisse découvrir si ce n’est déjà fait les étapes de cette victoire (ici) ; par contre j’insisterai sur le fait que pour l’obtenir, les femmes ont mis en scène ce qu’elles cachent habituellement : le sang menstruel, représenté par de la peinture rouge largement répandue sur de gigantesques tampons postiches :


Et c’est là que l’essentiel se montre : les femmes n’ont plus honte de ce qu’on (= nous, les hommes – mais aussi les religions, voire même les Civilisations !) désigne comme une impureté contagieuse. Oui, les femmes ont enfin le courage de dire : « Ce qui en nous attire les hommes, ce sont essentiellement des organes physiologiques qui font partie de notre organisme. Eh bien les menstrues c’est exactement pareil. Ce n’est ni attirant ni répugnant : c’est fonctionnel. – Plus de symbole : la réalité. »

Et ça c’est nouveau.

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