Friday, November 25, 2016

Citation du 26 novembre 2016

Le fait qu'on se confesse de plus en plus à la radio et de moins en moins dans les églises semble indiquer que la publicité est plus précieuse que le pardon.
Philippe Bouvard, Maximes au minimum
Publicité – Subst. fém.
« Action de rendre public. Rendre notoire, faire connaitre de tous ou au moins du plus grand nombre de personnes. »
Définition TLF
On n’insistera pas sur cette définition de la publicité qui, pour ne pas être courante aujourd’hui, est pourtant la seule qui permette de lire la citation de Philippe Bouvard.
Quand Bouvard écrivait ceci, les psy de la radio faisaient des émissions très suivies où les auditeurs venaient au téléphone raconter leurs petits vices ou bien les défauts intimes de leurs amants. On sait qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux dont tout le monde parle, plus besoin de radio : chacun peut tout déballer, le vrai comme le faux, au grand jour avec pour seul moyen son smartphone. Ceci suscite au moins deux questions :
- D’abord, à quoi bon se confesser, si ce n’est pas pour demander son pardon ? Car enfin, quand je tweete un message ce n’est pas pour être pardonné ni confirmé dans ce que je raconte. De plus, si je dis : « le samedi soir je ne peux pas me retenir de fumer de l’herbe, et après je vais faire des galipettes avec la gamine du voisin qui a tout juste 13 ans » je ne demande pas le pardon ; je ne demande pas non plus d’être félicité par mes followers (encore qu’un ecclésiastique me répondant : « Ce n’est rien mon fils : c’est Dieu qui vous a fait comme ça. D’ailleurs moi, c’est pareil, après la messe dominicale avec l’enfant de cœur etc…. » ça pourrait être intéressant).
Trêve de balivernes : me raconter au fil des tweets, c’est me donner de l’importance – ou plutôt, c’est m’accroitre de tous ces messages, eux mêmes démultipliés par tous les tweetos qui me suivent. Car comme n’importe quel écrivain, celui qui se raconte sur tweeter (ou sur facebook) espère être lu. Il sera à ses propres yeux d’autant plus  important – d’autant plus grand – qu’il sera lu par un plus grand nombre de gens.

On l’a compris : la confession est réservée à un seul auditeur et le pécheur murmure à l’oreille de son confesseur pour que personne d’autre n’entende. Mais avec les réseaux Internet, c’est comme si le confessionnal était branché sur un puissant amplificateur qui répandait les confidences partout sur la Terre. Volant par-delà les monts, mon gazouillis annonce mon existence à toutes ces consciences inconnues.

No comments: