Il [le prince
d'Orange] a montré de bonne heure ce qu'il savait faire, il a mordu le sein de
sa nourrice : elle en est morte, la pauvre femme ; je m'entends, il suffit.
La Bruyère – Les caractères XII
Et sur les
seins cléments met sa bouche lassée / Mais il ne tente plus comme au cours du
combat / De mordre méchamment les chairs endolories / Et d’arracher du lait aux
mamelles taries
Pierre Louÿs – (Lu dans Le Clavier Cannibale)
On lit dans
le Littré : « mordre le sein de
sa nourrice » signifie attaquer les choses ou les personnes auxquelles on
est redevable de son éducation, de sa fortune. On dit dans le même sens :
« battre sa nourrice ».
Oui, pour
faire comprendre la cruauté de l’homme, le plus fort est sans doute de montrer
comment par cet acte se transforme la reconnaissance et l’amour qui devrait résulter de
ce don merveilleux du sein maternel, en le mordant au lieu d’en jouir avec
bonheur.
Mais bien sûr
ce n’est pas cela qui retient l’attention aujourd’hui : l’image du bébé
mordeur fait long feu, les bib’ on remplacé les seins lactifères.
C’est qu’à
présent notre nourrice a changé de nature : au lieu de la maman c’est
de la générosité l’Etat que nous recevons les biens qui vont nous permettre de
vivre, non seulement quand nous sommes petits enfants, mais aussi quand devenus
plus grands et que le moindre écueil s’oppose à notre vie, nous touchons
remboursements, indemnités, RSA… et même Revenu Universel !
Alors, si on
mord la nourrice, ce n’est plus par férocité mais, par avidité : comme le
dit Pierre Louÿs, « on mord
méchamment le sein endolori / (Pour) arracher du lait aux mamelles taries. »
- Ce Revenu Universel, c’est pour bientôt ?
Mais déjà on entend que le montant envisagé (Maximum :
1000 euros mensuels) ne satisfait personne. Toujours plus !
o-o-o
On me
reprochera peut-être de reproduire un discours que les néoconservateurs
américains ne désavoueraient pas. Bien
sûr, il n’est pas question de remettre en cause un principe de solidarité qui,
depuis plus de deux siècles, est un idéal que notre société porte avec fierté.
Toutefois,
quand je ressors de la pharmacie avec les médicaments payés par la S.S., il se
trouve que je ne sais même pas combien ça a coûté : est-ce que je ne suis pas
un peu irresponsable ? Est-ce que je ne fais pas le bébé-suçeur ?
Pour plus informations sur l'allaitement maternel, revenez demain... si vous le voulez bien.
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