Thursday, November 16, 2017

Citation du 17 novembre 2017

Aimer la vie est facile quand vous êtes à l’étranger. Là où personne ne vous connaît, vous tenez votre vie entre vos mains, vous êtes maître de vous-mêmes plus qu’à n’importe quel moment.
Hannah Arendt – (Biographie de) Rahel Varnhagen

Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres.
Hannah Arendt

Vous voulez mon portrait. Le voici, fait par moi. Je resterai proscrit, voulant rester debout
Victor Hugo à Guernesey


Victor Hugo au Rocher des Proscrits

L’exil.
Ces deux citations de Hannah Arendt ne doivent pas êtres opposées l’une à l’autre, mais bien être considérées comme étant complémentaires.
L’exil est la meilleure image qu’on puisse trouver de cette contradiction apparente : vécu d’une part sous l’aspect d’un isolement ruineux pour l’individu qui passe sa vie à reconstruire ce qu’il a perdu en quittant son pays, il pourrait néanmoins apparaître aussi comme une liberté qui lui est laissée de vivre sa vie comme bon lui semble. On n’attend rien d’un étranger, pas même qu’il se soumette aux règles qui oppriment les autres.
L’exil pourtant s’inscrit en faux à cette image rassurante. Non, être réfugié quelque part ce n’est pas être dans une situation positive, même si on est accueilli par un peuple bienveillant.
Parce que même alors, on reste sous la pression des autres, que s’ils n’exigent pas que vous soyez comme eux, ils vont néanmoins s’attendre à ce que vous coïncidiez avec l’image qu’ils ont de vous, en raison de votre nationalité. Si vous êtes français par exemple vous serez aux Etats-Unis l’éternel Frenchie, collection de tous les clichés bon ou mauvais qu’importe : ce seront de toute façon des clichés.

Alceste, le Misanthrope de Molière, choisit de se réfugier au désert, pour éviter la fréquentation des humains qui le dégoutent : il faut croire que la solitude est moins pesante que l’ennui. Il en va de l’exil comme de la solitude : ruine du prisonnier contraint à l’isolement, ou bien salut du  moine qui a choisi sa cellule comme lieu propice à son ascèse. D’ailleurs la solitude est toute relative : le moine est face à Dieu ; quant à Victor Hugo il est visité par ses compatriotes qui lui ont gardé leur estime.

L’exil réuni la perte de soi et liberté dans la mesure où il est vécu comme la condition de la liberté : Rester debout, dit Victor Hugo.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

il faut croire que la solitude est moins pesante que l’ennui.
magnifique billet
je vpus eùbrasse
françoise