Nous avons merdé, pas un peu, beaucoup.
Ferenc Gyurcsány (à prononcer « Diour-tchagne »)
Ah ! La Hongrie… Voilà un pays dont la vie politique est passionnante ! On ne comprend pas la colère des hongrois, qui se solde hélas, par des centaines de blessés. Car, enfin, on trouve un premier ministre qui dit la vérité, qui fait son autocritique (et en quels termes ! [1]) ; et au lieu de le remercier les électeurs réclament sa démission !
Trêve d’ironie : ce discours n’était pas destiné aux électeurs mais aux députés du parti dont il est le chef, et les aveux qu’il fait alors sont aussi des aveux de mensonge ( « Il est évident que nous avons menti tout au long des dix-huit derniers mois »). Mais, quoi de surprenant ? Voilà un chef qui s’adresse à ses subordonnés, et qui les stimule pour améliorer leurs performances en décrivant les erreurs qu’il ne faudra plus commettre. Banal. J’aime à croire que notre premier ministre lui-même est capable de ce genre de propos (plus châtiés, of course).
Ce qui l’est moins c’est que Gyurcsány ne remarque pas le micro qui traîne, ouvert bien entendu, relié à un magnéto qui tourne, bien entendu. Quelle imprudence ! Il a 45 ans, et on dira que sa jeunesse (un quadra dirait-on chez nous) explique cela. Mais, rappelez-vous le dialogue Bush-Blair à propos de la guerre au Liban, surpris par un micro placé bien en évidence devant le président américain, doublé - pour faire bonne mesure - par une caméra télé : on n’avait pas affaire à des bleus, et pourtant le fait est là : ils se sont fait piéger.
Allons plus loin : je propose de lire cet « incident » comme une preuve de la perte de contrôle de la parole, de l’image de soi - en bref du secret - en raison de la multiplication des procédés de reproduction et de diffusion de l’image et du son. . Tout est devenu public, et la démocratie n’y est pour rien : c’est la technique qui prime, et dès que c’est possible, alors ça se fait (2). On reproche aux hommes et aux femmes politiques d’accepter la « peopolisation » (sic ?) de leur image. Mais supposez qu’ils refusent ; les paparazzi auront tôt fait de les rattraper. La candidate aux présidentielles en maillot-de-bain, c’est bon ça, Coco
Le plus drôle, c’est que dans le cas Gyurcsány, il n’y a même pas eu besoin de paparazzi.
(1) Voir l’abrégé de son discours : http://www.letemps.ch/template/international.asp?page=4&article=189690
(2) Voir message du 3 août 2006
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