Tuesday, February 18, 2014

Citation du 19 février 2014

Le besoin d'écrire est une curiosité de savoir ce qu'on trouvera.
Alain – Propos de littérature (1934)
On n’écrit que pour savoir ce qu’on a à dire – et puis c’est tout ! 
--> Je sais ! Je suis déjà revenu bien souvent sur cette évidence. 
Mais comme je suis curieux, je me lance dans ce Post pour savoir justement où cela me mènera. Quant à vous, vous aurez – comme d’habitude – la possibilité en cas de déception de passer à autre chose
- D’abord, ça fait toujours plaisir de trouver quelqu’un – et pas n’importe qui : Alain a été le premier philosophe au quel je me sois frotté – qui dit comme une évidence ce qu’on a soi-même mis si longtemps à admettre. C’est qu’il fallait d’abord rejeter le préjugé selon lequel tout écrit devait nécessairement dire une pensée élaborée dans le retrait de la méditation…
- Ensuite, Alain nous dit que c’est « une curiosité », autant dire un jeu. Oui, écrire est comme un jeu : jeu de cache-cache avec sa pensée ; jeu jouissif quand on gagne ; jeu qui nous pousse à entamer une nouvelle partie quand on a perdu.
- Enfin, si on ne sait pas d’avance ce qu’on aura à dire, on accepte d’avance d’y consacrer un temps indéfini. Indéfini : je veux dire non délimité à l’avance.
C’est pour moi l’occasion de dire combien je suis étonné de constater le succès de Twitter : certes on l’explique par l’aspect réseau social, followers etc… Mais personne ne se demande sérieusement : qu’est-ce qu’on peut dire en  140 signes ? Je devine que 140 ça parait déjà beaucoup : voilà une limite qu’on ne rencontre presque jamais ni en écrivant, ni même en lisant (1).
Je ne veux pas dire que 140 signes ce soit totalement insuffisant : l’œuvre de Héraclite, telle qu’elle nous est parvenue, tiendrait dans des tweets ; on dirait la même chose de certains aphorismes nietzschéens. Oui, il serait possible jusqu’à un certain point de philosopher avec Twitter.
Par contre, ce que je trouve insupportable, c’est de commencer à écrire quelque chose en sachant qu’il faudra que ça soit bouclé 140 signes plus loin.
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(1) Méchanceté due à l’aigreur de la vieillesse (je pense à moi… mais aussi à ce vieil atrabilaire de Finkielkraut)

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