Se donner c’est
prendre
Miss.Tic
N.B. Je connais des petits malins qui, devant ce pochoir, vont
dire : « Ah ! Mais dites donc, c’est un réemploi ! On l’a
déjà vu ce pochoir, et avec une autre légende – même qu’on l’a affiché il y a
tout juste un an ! »
Moi, je dis : et Bach (Jean-Sébastien) – vous connaissez ?
Quand Bach écrivait une cantate il réemployait parfois des airs composés pour
une autre (en particulier pour les cantates profanes qui n’étaient exécutées
qu’une seule fois). L’important c’est que le nouvel ensemble soit harmonieux.
o-o-o
« Se donner,
c’est prendre ». C’est un peu comme : « Cours après moi que je t’attrape ! » : ce sont des
oxymores qui n’ont pour but que d’attirer l’attention, par une formulation
contradictoire, sur une réalité parfaitement logique. D’ailleurs on voit que
l’étreinte illustrant la formule de Miss.Tic est bien réciproque : la
jeune femme se laisse prendre par le bras droit du jeune homme, mais c’est pour
mieux l’enlacer de son bras gauche.
Toutefois, on peut penser également que cette formule
illustre non seulement le désir, mais encore l’amour. Car si l’amour consiste à
se donner, c’est quand même dans l’intention de prendre. Sinon, comment
comprendre le dépit amoureux ? Comment saisir les raisons de la
jalousie ?
Que serait l’amour sans la jalousie ? « Je t’aime, ma chérie, je m’offre à toi, mais
je ne te demande rien en retour. Oui, je me donne à toi, mon amour, je serai
ton ange gardien, je coucherai en travers de ta porte, mais je laisserai entrer
le beau prince grec qui te visite chaque nuit… »
Bon – Ça
ne marche pas comme ça, on le sait bien.
[Ce qui suit est
déconseillé aux – 12 ans]
Reste que la formule miss-ticienne est un peu plus
radicale. « Se donner c’est prendre »
suppose que c’est dans le même geste qu’on se donne et qu’on prend en retour.
Si, dans l’étreinte amoureuse, la femme ne peut se donner qu’en prenant, c’est
que la nature nous a fait de telle sorte que le sexe féminin ne peut s’offrir
qu’en accueillant et en retenant le sexe de l’homme. Réciproquement, le sexe
masculin ne peut prendre le sexe féminin qu’à condition de se laisser
envelopper par lui (1). On dirait que l’un n’existe pas sans l’autre : je
veux dire que l’organe de l’amour sert bien sûr à d’autres fonctions, mais que
ce n’est qu’en s’offrant-prenant qu’il accomplit réellement son essence
amoureuse.
o-o-o
Conclusion de la
leçon de dialectique : pas de dialectique sans synthèse. C’est donc
dans l’union charnelle que se dépasse la contradiction offre/capture
-------------------------------------
(1) Avec tous les
risques que ça suppose et qui sont illustrés par le fantasme du vagina dentata (cf. ici)
No comments:
Post a Comment