Wednesday, February 18, 2015

Citation du 19 février 2015

Un homme seul propose la loi que tous acceptent ; souvent même un seul décide quand plusieurs délibèrent. (Lire la citation complète ci-dessous)

Louis de Bonald – Du divorce. (1801) – Lire ici.
Commentaire I
Insistons d’abord sur l’aspect le plus actuel : Bonald intègre ainsi dans son exposé l’adage bien connu : Tous délibèrent – Un seul décide.
On peut donc voir dans ce principe l’application de l’idée que la pluralité des avis débouche sur la cacophonie, l’anarchie, l’impuissance qui ruine les pays qui y succombent. C’est ainsi que les hommes veulent être gouvernés par un seul (1) – et donc Bonald affirme que la démocratie ressemble à une monarchie, la stabilité en moins.

Mais aujourd’hui, en février 2015 la problématique est un peu différente : "Votez ma loi, dit le Premier ministre, telle que je l’ai voulue, sinon : 49.3. Vous avez délibéré: je décide." Ce ne sont pas quelques frondeurs socialistes qui vont faire – ou défaire – la loi.
Le problème est que la légitimité appartient aux députés : ce n’est pas à l’exécutif de dire ce qu’elle sera, il doit s’incliner devant la décision des représentants du peuple.  On ne peut y échapper, sauf à user de l’affrontement : soit le législatif s’incline devant la volonté du pouvoir exécutif, soit il l’emporte mais l’exécutif a le pouvoir de dissoudre l’assemblée, c’est à dire de détruire le législatif. Du coup, où est donc la légitimité des élus du peuple, si un pouvoir « subalterne » peut les chasser ?
Du Président qui dit : ouverture des magasins le dimanche ; suppression des 35 heures ; travail de nuit etc. – et des députés de gauche qui ne veulent rien y changer : qui donc a raison ?
Mais la Constitution de la 5ème République est plus retorse ; elle admet qu’en élisant aussi le chef de l’exécutif en la personne du Président de la république, le peuple lui accorde en dernière instance une légitimité qui domine toutes les autres.
Hélas, trois fois hélas : qui donc parle de légitimité ? Comme nous le montrent les députés de droite qui voudraient bien voter la loi mais n’osent le faire parce que l’opposition de vote pas les lois du gouvernement, tout cela est affaire de politique et non de gouvernance. Il s’agit de conserver son siège et voilà tout. Votons donc le 49.3 – ou pas (sinon : plus de siège)
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(1) On avait évoqué ce principe dans les citations d’Homère et d’Aristote voir ici.
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Annexe.

« Dans la société domestique ou la famille, le pouvoir est homme, il est un ; et dans la société publique ou générale appelée Etat, le pouvoir doit être homme, et il est toujours un, malgré des apparences contraires ; car un homme seul propose la loi que tous acceptent ; souvent même un seul décide quand plusieurs délibèrent. Dans toute assemblée législative, un vide le partage ; et la seule différence, à cet égard, entre la démocratie la plus illimitée et la royauté héréditaire, est que l’unité est fixe dans celle-ci, et perpétuellement mobile dans celle-là. » Louis de Bonald – Du divorce. (1801)

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