Friday, December 22, 2006

Citation du 23 décembre 2006

Il faut demander plus à l'impôt et moins aux contribuables.

Alphonse Allais

On pourrait dire : voilà l’idée simpliste et surtout bien banale depuis que Pierre Maurois a popularisé la formule : « on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. ». Mais on aurait tort, parce que c’est le discours qui ressort en période électorale depuis fort longtemps, et il n’est pas près de disparaître…. parce que ça marche toujours.

En réalité, Alphonse Allais déforme un peu la formule véritable : elles serait « Il faut demander plus à l’Etat, et moins au contribuable. ». Autrement dit, que l’Etat gère mieux les ressources, et on fera tout mieux. Moins d’impôt mais… naturellement (1) plus pour les démunis ; moins d’impôt, mais… naturellement de meilleurs services publics. Alors on peut dire ce qu’on voudra à partir de là ; que les fonctionnaires sont des feignants et qu’avec un peu plus d’entrain ils feraient mieux en étant moins nombreux ; que les marchés publics sont passés par des gens incapables, sinon corrompus ; que tout ce que fait l’Etat serait mieux fait par l’entreprise privée.

Mais en réalité l’idée qui est mise en jeu c’est qu’on n’aurait pas à payer ce qu’on consomme. Nous ne pensons certes pas en terme de don qui nous serait fait. Mais tout simplement, tout ça n’a pas de prix ; ou si vous préférerez ça n’a pas de coût (2). Le problème, c’est que ça favorise le gaspillage, par indifférence, parce que tout cela est gratuit : quand je ne paye pas, ça n’a pas de valeur.

C’est là le principe : l’argent est l’unique mesure de la valeur des choses, et ce qui est gratuit ne vaut rien, dans tous les sens du terme.

Vous en voulez une preuve ? En voilà une : demandez à votre psychanalyste pourquoi il exige d’être payé par vous-même à chaque séance ? J’en ai connu qui exigeait que leur patient verse une somme de sa poche, dans une caisse noire, même quand il était pris en charge par la sécu. Car l’efficacité d’une séance d’analyse est proportionnée à l’argent qu’elle nous coûte.

Plus de doute : l’inconscient et le portefeuille ont un point d’attache commun. C’est le stade anal.

(1) Vocable chiraquien

(2) Dans la rubrique « ce que nous ne payons pas directement de notre portefeuille n’existe pas », voyez la polémique sur la prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.

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