Sunday, January 31, 2010

Citation du 1er février 2010

Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache; vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire.

Henri IV – 14 mars 1590 à la bataille d’Ivry

Ralliez-vous à mon panache blanc !...

Quand on a la prétention de livrer à ses lecteurs les plus célèbres citations – celles qui, justement, ont forgé notre Identité Nationale – comment éviter celle-ci ? Mais, s’il faut en plus comme je le prétends en faire un commentaire, alors c’est le piège …

Bon – j’essaie quand même et tant pis pour moi si je me plante.

--> D’abord : ce que dit le futur Henri IV (1) à ses soldats ne se comprend que si le champ de bataille est suffisamment réduit pour que le soldat du dernier rang puisse voir encore le panache qui orne la chapeau de son chef – qui est supposé être en tête de la mêlée. J’ai lu autrefois dans le Dimanche de Bouvines de Duby que cette célèbre bataille s’était déroulée, comme toutes les batailles de l’époque, dans un champ dont les deux armées ennemies occupaient les deux extrémités, en sorte que la disposition des troupes lors de l’affrontement ressemblait à celles des pièces du jeu d’échec. Difficile d’imaginer une telle situation aujourd’hui.

Donc cette citation nous instruit sur les différences qu’il faut reconnaître entre les batailles d’autrefois et celles d’aujourd’hui.

--> Ensuite, le roi chef d’armée est porteur d’une marque distinctive, le panache blanc, qui le signale comme tel à tous – y compris à l’ennemi.

Qu’en est-il aujourd’hui ? On n’imagine pas le général en chef arborant sur le champ de bataille un signe distinctif visible de loin. S’il a bien ses galons, ceux-ci de couleur neutre et surtout pas en métal doré qui brille au soleil !

--> Que reste-t-il de l’ordre du jour de Henri IV à ses troupes ?

La victoire et l’honneur, oui, il n’y a que ça qui reste. Et encore : l’armée est le dernier lieu où l’honneur des hommes soit encore évoqué.

Car si la victoire reste partout requise pour faire avancer coûte que coûte, par contre l’honneur dans nos sociétés occidentales est devenu une notion bien poussiéreuse.

…Vu les circonstances dans les quelles l’honneur est invoqué, je me demande s’il faut le regretter.


(1) Car il s’agissait en fait du futur roi de France, et de l’ordre du jour rapporté ici

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