Wednesday, January 20, 2010

Citation du 21 janvier 2010

Ce qui importe ce n'est pas de lire mais de relire.

Jorge Luis Borges – Le livre de sable

Le 11 janvier dernier nous avions cité Proust disant que le livre ne commence à nous apporter quelque chose qu’une fois refermé.

Poursuivant notre réflexion sur la lecture, nous en venons à Borges pour qui le livre est essentiel non pas ouvert, non pas fermé, mais rouvert. On ne doit lire que parce que c’est la condition nécessaire pour pouvoir relire.

Passons sur le snobisme qui consiste à dire non pas « Je suis entrain de lire Montaigne », mais « Je suis entrain de relire Montaigne ». Notez bien qu’on hésiterait à faire la même chose avec Don Brown ou Bernard Werber.

- Une question, juste comme ça : après avoir lu un livre (que vous aviez acheté), qu’est-ce que vous en faites ?

Banal, direz-vous : je le mets sur l’étagère de ma bibliothèque. Et quand je n’ai plus de place, je le mets dans un carton à la cave et ensuite je le donne à une œuvre caritative.

Admettons (1). Mais il est des livres qu’il faut relire, et même comme le dit Borges peut-être est-là un indice de valeur : les livres importants sont ceux qu’il faut relire.

- Une autre question maintenant : qu’est-ce que la relecture apporte que la lecture n’apporte pas ?

En fait certains livres sont organisés en vue de la relecture : ainsi fait Julio Cortázar (encore un argentin : est-ce un hasard ?) avec Marelle (2).

Mais surtout, un livre est un monde qu’il convient de visiter deux fois :

- une fois pour l’explorer et donc pour en avoir une vue synthétique ;

- une autre fois pour en découvrir chaque partie (vue analytique).

Notez qu’il y a aussi des livres écrits en vue de vous économiser cette double lecture. Ainsi du dernier ouvrage de Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire et l’oubli, dont chaque chapitre débute par une Note d’orientation.

Plus besoin de GPS…


(1) Pour ma part, je ne supporte pas qu’un livre ne soit lu qu’une fois. Alors si c’est un livre qui m’enthousiasme, mais que je suis certain de ne pas relire, je le donne à un ami. Je n’ai en principe dans ma bibliothèque (celle des romans), que des livres pas assez bons pour être offerts.

(2) Edité dans la collection l’Imaginaire de Gallimard. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Marelle comporte trois parties :

- la première qu’on lit comme un roman ordinaire, qui peut même se suffire à elle-même si on n’a pas le temps de lire les deux autres.

- Puis une seconde partie (qui prolonge donc la 1ère) dont les chapitres se lisent dans l’ordre normal,

- sauf qu’on peut aussi à la fin de chacun lire le chapitre de la 3ème partie dont le numéro est indiqué en bas de page. De sorte qu’on peut lire en sautant d'une partie à l'autre comme pour le jeu de la marelle.

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