Sunday, January 03, 2010

Citation du 4 janvier 2010

Les grands chefs qui se fient à leurs propres décisions, et qui se jurent, en quelque sorte, de ne s'être point trompés, ont, ce me semble, une grande vertu pour réaliser les hommes dont ils se servent. Car il est merveilleux de voir comme nous sommes incertains de nous-mêmes et déplacés aisément jusque dans notre intérieur par les changements d'opinion sur nous. Un homme ferme et même inébranlable dans son jugement sur nous nous donne force et consistance.

Alain – Propos du 17 octobre 1934

On est étonné parfois de constater combien les grands hommes ont eu la chance d’être entourés de collaborateurs talentueux. Combien de ministres, combien de hauts fonctionnaires de talents ont eu à leur service De Gaulle, Adenauer, Kennedy… Ont-ils eu de la chance ? Ont-ils attirés à eux des talents qui autrement se seraient dispersés ?

L’originalité de la thèse défendue par Alain est de répondre à cet étonnement en disant que ces chefs historiques ont su créer les hommes dont ils avaient besoin, en les conduisant à se dépasser eux-mêmes.

Et comme le philosophe est quelqu’un qui donne des vérités générales et non simplement des anecdotes, il nous explique que nous avons tous en nous la capacité de nous dépasser, mais que ce qui nous manque c’est la force psychologique et la constance pour y parvenir.

Croit-on que la confiance placée en nous par quelqu’un que nous admirons nous transforme au point de nous hisser jusqu’à l’opinion qu’il a de nous ? En réalité ce que nous devenons grâce à lui était déjà en nous, simplement il fallait l’exhumer et le développer. Et c’est là que la confiance et la certitude de ne pas s’être trompé sur nous, venant de si haut, sont déterminants.

Deux remarques :

- D’abord ça marche aussi ne sens inverse : la méfiance et le mépris peuvent nous enfoncer dans notre médiocrité en nous décourageant d’en sortir.

- En suite ces grands chefs, nous en avons tous connus: ce sont nos parents quand nous étions tout petits. Le papa, c’est lui le chef adoré, lui dont le sourire ou le froncement de sourcil pouvait nous arracher au néant ou nous y enfoncer.

C’est même ce que Freud appelait le surmoi (ou plus justement : l’idéal du moi)

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